11 Déc Proches de personnes en PMA : les clés pour aider et soutenir sans faux pas !
- Léa Karpel (Psychologue clinicienne – Hôpital Foch)
À vous qui êtes en parcours de PMA : une fois n’est pas coutume, cet article n’est pas pour vous. Mais vous, parents, amis, collègues, proches d’une personne engagée dans cette aventure parfois tumultueuse, prennent le temps de rester. Ce que vous lirez ici pourrait faire toute la différence.
Alors que les fêtes de fin d’année approchent – cette période chargée d’émotions, de bilans parfois douloureux (surtout si la grossesse tant attendue n’est pas encore là), et de ces petits rappels insistants que tout ce qu’on espère sous le sapin ne tient pas dans un emballage cadeau – il est temps de sortir votre antisèche. Celle qui vous aidera à être là, vraiment, et à éviter les maladresses.
Dans cet article, nous avons rassemblé des clés pour mieux comprendre, aider et soutenir vos proches en parcours de PMA. La psychologue Léa Karpel, nous éclaire sur :
• Les besoins émotionnels des personnes concernées,
• Les attentions et gestes bienveillants à adopter.
En prime, nous avons compilé des témoignages de celles et ceux qui traversent ce parcours, avec les mots qui les réconfortent vraiment.
Que vous soyez là pour vous informer, ou que cet article vous ait été discrètement transmis par un proche, prenez-le comme un guide précieux pour des fêtes pleines de délicatesse et d’amour partagé.
QU’EST-CE QU’UN PARCOURS DE PMA ?
Le parcours de PMA commence souvent avant même les premiers examens médicaux, par de longs mois d’essais naturels (« comme tout le monde »), où chaque échec grignote lentement l’euphorie du projet bébé, la relation de couple, et l’espoir tout court. Viennent ensuite des examens médicaux, plus ou moins invasifs, plus ou moins douloureux, qui exposent tout : le corps (littéralement), la sexualité, l’intimité… des aspects jugés par une équipe médicale en blouse. Puis, le diagnostic d’infertilité, qui marque ce moment où, contrairement à d’autres êtres vivants (de la fourmi à la cousine Marie), faire un bébé ne semble pas aussi simple que d’avoir un rapport sexuel.
Nous passons, ici, des commentaires déplacés et conseils non sollicités entendus au quotidien, pour arriver à la phase des traitements hormonaux et procédures médicales : stimulations, inséminations artificielles (IA), ou FIV (Fécondation In Vitro). À chaque étape, les montagnes russes émotionnelles sont au rendez-vous : joie, doutes, déceptions… C’est un vrai marathon et non un sprint !
Petit point vocabulaire pour ceux qui n’y connaissent rien en PMA :
Les défis au quotidien
Entre les effets secondaires des traitements, l’attente interminable des résultats, et le poids des interrogations, chaque étape peut être un défi à la fois physique et mental. Les relations de couple peuvent se renforcer, mais elles peuvent aussi être mises à l’épreuve sous la pression de l’incertitude et du stress.
Peu importe le protocole choisi par l’équipe médicale, la femme aura des rendez-vous tous les deux à trois jours pour des prises de sang et des échographies (vaginales, ce qui est important de préciser, pour saisir à quel point c’est intrusif et peu agréable), souvent pendant 10 à 15 jours en cas de FIV. Les résultats peuvent être encourageants… ou non. Si ces résultats ne se concrétisent pas, le protocole peut être prolongé, reporté, voire annulé du jour au lendemain, anéantissant les espoirs d’une grossesse en même temps. Ces rendez-vous se fixent en fonction du cycle et de la réponse du corps aux traitements, ce qui rend toute planification extérieure extrêmement compliquée (que ce soit une grosse réunion au travail, un dîner entre amis ou un week-end en famille). Autant dire qu’il est difficile de penser à autre chose dans ces conditions.
· Dans tous les protocoles (stimulation, insémination, FIV), on recrée un cycle via des injections d’hormones quotidiennes (auto-injection ou avec une infirmière, selon le cas), à des heures régulières, décidées par les médecins, parfois au beau milieu d’un repas. Ces traitements peuvent donner lieu à des effets secondaires plus ou moins importants : ballonnements, douleurs abdominales, fatigue, maux de tête, sautes d’humeur, sensibilité des seins, nausées ou troubles digestifs, tension ovarienne, kystes, etc.
· En cas de FIV, ce cycle d’injections se termine par une ponction ovocytaire, une intervention chirurgicale en ambulatoire, généralement sous anesthésie générale. Cette procédure, décidée 24 à 48 heures à l’avance en fonction de la réponse du corps aux traitements, permet de récolter les ovocytes. Pendant ce temps, monsieur (ou un donneur) doit récolter son sperme par masturbation.
· Le lendemain, la vie reprend son cours, en attendant de savoir si les ovocytes ont donné des embryons. S’il y a des embryons (malheureusement, ce n’est pas une science exacte et, parfois, il n’y en a pas), un transfert a lieu 3 à 5 jours plus tard (selon la qualité des embryons). Si tout va bien, il peut y avoir des embryons supplémentaires à celui ou ceux transférés qui peuvent être congelés pour plus tard (pour une autre tentative en cas d’échec, par exemple).
· Là encore, rien n’est gagné d’avance, car le taux de grossesse est d’environ 25 % (cela dépend de l’âge de la femme, du type d’embryon, de sa qualité, etc.)
· Après 14 jours interminables d’attente, dans la plus grande solitude — une solitude d’autant plus pesante qu’on passe d’une surmédicalisation intense, rythmée par des rendez-vous incessants, des injections quotidiennes et un suivi presque journalier de l’évolution, à plus rien du tout, même plus la présence du médecin pour faire équipe —, vient le moment de la prise de sang pour savoir si la grossesse est confirmée.
Si c’est positif, il faut s’assurer que la grossesse se poursuit (avec le même risque qu’une grossesse naturelle : une grossesse sur cinq peut se terminer par une grossesse arrêtée).
Si c’est négatif, on recommence…
CE QUE RESSENTENT (VRAIMENT) LES PERSONNES EN PMA !
Le parcours de PMA ressemble à un véritable tourbillon émotionnel. Entre espoirs intenses et défis éprouvants, les montagnes russes émotionnelles sont constantes. La psychologue Léa Karpel décrit ce cocktail d’émotions contradictoires : la peur de l’échec, l’angoisse que ça ne marche jamais, l’euphorie d’une solution médicale, et parfois la déception d’avoir besoin de cette aide.
« Les patients essaient souvent d’éteindre leurs émotions par peur qu’elles nuisent aux résultats. Mais c’est impossible », observe-t-elle. « C’est le fameux : “Je me prépare à l’échec.” »
Les montagnes russes…
Ces émotions, aussi intenses soient-elles, sont « normales ». Se replier après un échec, éviter un repas où des femmes enceintes sont présentes ou pleurer plusieurs jours, tout cela fait partie du processus. « Les affects dépressifs sont fréquents, mais ce n’est pas pathologique », rassure Léa Karpel. En revanche, si la déprime ou l’anxiété devient permanente, il peut être nécessaire de suggérer une aide extérieure.
Le rôle essentiel des proches
C’est ici que vous, proches, entrez en jeu ! Votre soutien peut apporter un souffle d’air frais dans un parcours souvent pesant.
Votre rôle n’a pas besoin d’être parfait : écoute, bienveillance et respect suffisent à faire la différence.
Pas de rôle « idéal » : Vous pouvez être parent, ami ou collègue, et votre lien avec la personne influence souvent la manière dont elle se confiera. Curieusement, les personnes en PMA partagent parfois plus facilement leurs émotions avec des collègues, jugés plus neutres. « Le proche le plus impliqué émotionnellement peut, malgré lui, rendre les échanges plus difficiles », note la psychologue.
Respectez leur intimité : le désir d’enfant touche à l’affect, à l’intime, à la sexualité. S’ajoute à cela une peur de l’échec ou de ne jamais réussir, qui peut entraîner honte et gêne à l’idée de partager des nouvelles négatives. Trouver le bon équilibre entre soutien et respect de l’espace personnel demande finesse et attention.
Les besoins évoluent : ce qui réconforte un jour peut être irritant le lendemain. Gardez en tête que leurs attentes peuvent varier avec le temps.
Vous vous sentez IMPUISSANT, c’est parfait !
« Vous vous sentez impuissant face à leurs difficultés ? Parfait ! Ce n’est pas à vous de résoudre le problème », ironise la psychologue. Personne ne vous demande (à priori) de donner vos gamètes ! Et surtout, évitez les conseils : ils ont déjà une équipe médicale experte. Ce que recherchent les personnes en PMA : du temps, une oreille attentive, et, parfois, simplement la possibilité de se plaindre.
Un geste simple peut suffire. Passez un coup de fil sans poser de questions : « Je sais que c’est compliqué, je suis là si tu veux parler. » Vous pouvez aussi ouvrir la discussion en partageant une anecdote personnelle, mais sans insister si l’autre n’accroche pas.
Enfin, adaptez vos invitations : évitez par exemple de convier une amie en PMA à une réunion entourée de bébés. « Retrouvez-vous autour de ce que vous aimiez avant : un verre, une sortie, un film », propose Léa Karpel. De même, si vous avez des enfants et que vous êtes déjà grands-parents, évitez d’inviter vos deux enfants en même temps à chaque fois.
Les mots qui réconfortent (et ceux qui blessent)
Un mot mal choisi peut parfois blesser plus que de rester silencieux. Évitez les phrases comme :
• « C’est dans ta tête. »(Non, ce n’est pas si simple.)
• « Arrête d’y penser. »(Impossible.)
• « Bientôt ton tour. »(On n’en sait rien.)
• « Je connais quelqu’un qui… »(Chaque parcours est unique.)
Certains préfèreront le silence, mais d’autres entendent que le silence soit brisé. À la place, osez simplement demander : « Comment vas-tu ? As-tu envie de m’en parler ? » Si la personne prend ses distances — ne pas commenter les photos de bébé ou refuser une visite à la maternité, par exemple —, ne le prenez pas personnellement. Elle se protège.
Comment annoncer une grossesse avec tact !
Prenez en compte les émotions de l’autre. Évitez les grandes annonces en public. Préférez une conversation privée, par exemple : « Je ne sais pas comment te le dire sans te blesser, mais je suis enceinte. » L’émotion sera sans doute ambivalente, entre douleur et bonheur pour vous, et c’est normal.
A lire : Petits trucs pour bien vivre l’annonce des grossesse autour de vous.
Les phrases et les petites attentions qu’ils ont apprécié
les petitS gestes qui font toute la différence !
Et comme chaque geste compte…
Votre présence, vos mots, et votre bienveillance peuvent alléger le poids d’un parcours souvent semé d’épreuves. N’ayez pas peur de poser des questions, de vous informer, et surtout, d’écouter et de respecter le rythme de votre proche. Si vous souhaitez aller plus loin, de nombreuses ressources sont à votre disposition : livres, podcasts, pièces de théâtre, associations… et, bien sûr, Paillettes est là pour vous éclairer et vous accompagner à chaque étape !
Vous êtes un allié précieux dans cette aventure « L’amour que vous offrez aide à tenir et à avancer dans ce parcours du combattant. »