Paillettes Magazine espoir | PMA | Témoignage

« Toujours y croire. » le témoignage d’Hélène

Paillettes Magazine espoir | PMA | Témoignage

Chez Paillettes, pour la période de fêtes, au lieu d’histoires dignes de téléfilms de Noël avec des « happy endings » réconfortants, nous avons choisi de mettre en lumière des parcours qui n’ont pas encore trouvé leur épilogue.

Hélène partage ici son aventure en PMA, là où elle en est aujourd’hui. Parce que, raconter un cheminement en cours, c’est offrir une autre perspective : celle où la fin n’est pas encore écrite.

C’est respecter celles et ceux pour qui lire un final heureux peut être difficile, tout en laissant la place à l’espoir pour imaginer, pourquoi pas, une issue lumineuse.

 

Ces témoignages célèbrent les petites victoires, les instants de joie et de résilience dans un parcours souvent semé d’embûches. Ils nous rappellent que l’essentiel n’est pas uniquement la destination, mais aussi le voyage, riche en apprentissages et en courage.

 

Pour celles et ceux qui sont encore en route, nous espérons que ces récits sauront vous parler, vous inspirer, et vous aider à apprécier l’aventure, une étape à la fois.

Toujours y croire…

Par Hélène

Je m’étais dit que, si je n’avais pas d’enfants, ce ne serait pas une fatalité. Et on me répondait : « Tu verras : un jour, tu rencontreras la bonne personne et tu voudras fonder une famille. »

 

Ma mauvaise foi en a pris un coup car je dois admettre qu’ils avaient raison !

Avec Benoît, nous parlions enfants lorsque nous discutions de notre futur. D’abord prudemment, car nous avons pensé qu’il valait mieux attendre que j’ai une situation professionnelle plus stable, un CDI. Mais nous avons fini par changer d’avis, voyant mon CDD se renouveler au fil des ans.

 

En 2021, nous avons trouvé une maison et décidé qu’il était temps. Couple heureux, maison, bébé : cela semblait rentrer dans l’ordre logique des choses.

 

En avril de la même année, j’ai pris rendez-vous pour retirer mon stérilet et c’était parti ! Ma sage-femme m’avait prévenue : si rien ne se passait au bout d’un an, je pourrais revenir pour des examens. Moi, j’étais confiante et nous voulions nous laisser le temps. Nous n’avions pas dans l’idée que cela fonctionnerait immédiatement, mais, malgré tout, chaque mois, je scrutais mon corps à la recherche du moindre signe. Et, inlassablement, mes règles revenaient. J’accusais le coup puis, dès le lendemain, je repartais avec l’espoir que le prochain cycle soit le bon.

 

J’ai parlé de notre projet bébé à une de mes cousines et à ma meilleure amie, mes confidentes. Ma mère avait deviné. Leur soutien était précieux, surtout quand, autour de nous, nos amies tombaient enceintes les unes après les autres. Cette même année, nous comptions pas moins de 9 femmes enceintes dans notre entourage proche. Ce n’était pas toujours facile d’afficher un large sourire à toutes ces annonces, surtout qu’ils ne connaissaient pas nos difficultés.

 

Puis, une année s’est écoulée. Sur les derniers cycles, j’étais impatiente de retourner voir ma sage-femme, persuadée qu’elle nous redirigerait vers des spécialistes. Mais au lieu de cela, elle a souhaité que je suive ma courbe de température pendant les trois prochains mois, et que je revienne la voir ensuite. J’avais l’impression de perdre encore du temps.

 

Au final, rien d’anormal de ce côté. Nous avons enfin été orientés vers le centre de PMA de la ville.

 

En septembre 2022, lors de notre premier rendez-vous, de nouveaux examens ont été prescrits, repoussant encore nos espoirs. Mais, à l’échographie pelvienne, nous avons découvert que j’avais un utérus unicorne. Je mentirais si je disais avoir tout compris, mais, en gros, mon utérus ne possède qu’une corne unique reliée à un seul ovaire. C’était peut-être la cause de notre infertilité. C’était peut-être le coup de pouce que nous attendions. Enfin nous ne serions plus seuls, abandonnés à notre sort, essayant en vain d’avoir un bébé.

 

Il a fallu attendre un rendez-vous pour une IRM pour vérifier s’il y avait besoin d’une opération avant de commencer un protocole de FIV. Alors en attendant, comme nous ne connaissions personne ayant vécu un parcours de PMA, je me suis beaucoup renseignée. J’étais confiante. Benoît, lui, était plus prudent.

 

Finalement, il n’y a pas eu besoin de passer par une opération. 

 

Alors, en janvier 2023, nous avons pu ouvrir un dossier pour la FIV et commencer la stimulation le mois suivant.

 

Les infirmières venaient chaque jour à domicile pour les injections. À ma surprise, tout s’est bien passé : je n’ai pas eu d’effets secondaires notables. Lors de la ponction, le biologiste nous a annoncé que nous avions obtenu sept ovocytes. Quatre sont parvenus au stade J5. Un premier embryon a été transféré.

 

Les quinze jours d’attente m’ont semblé interminables. Mais, au fil des jours, mon optimisme grandissait. Au matin de la prise de sang, en rentrant du laboratoire, j’ai fini par craquer : j’ai fait un test de grossesse urinaire… Qui s’est avéré positif ! La dernière fois que j’avais vu une barre si nette apparaître si rapidement, c’était pour un test Covid. 

 

J’étais enceinte. J’ai pleuré de joie, seule dans les toilettes, avant d’appeler Benoît.

 

Les taux ont doublé, les échographies étaient programmées. Nous étions comblés, et nos proches dans la confidence se réjouissaient pour nous.

 

Mais un mois plus tard, au travail, j’ai remarqué des saignements légers. Les sages-femmes étaient rassurantes, alors je me suis accrochée. Puis, lors d’une balade ce week-end-là, des saignements plus abondants sont apparus. Aux urgences, le verdict est tombé : il n’y avait plus de sac embryonnaire. Quand j’y repense, je crois pouvoir affirmer que je l’ai vu tomber dans les toilettes. Je ne sais plus vraiment. J’évite d’y penser. Quoi qu’il en soit, c’était la douche froide.

 

Dans cette épreuve brutale, Benoît et moi avons pu compter l’un sur l’autre. Mes proches étaient présents, à distance certes, mais ils (elles !) étaient un soutien très précieux.

 

Nous avons décidé de parler plus ouvertement de notre parcours, à nos amis surtout, car ce silence autour de notre parcours était devenu insupportable et ne faisait plus sens.

 

Nous avons attendu que mes règles reviennent et, déjà, nous avons repris : un transfert d’embryon congelé, un autre, encore un. Rien. L’année 2023 venait de s’écouler avec son lot d’espoirs et de déceptions.

 

Début 2024, un nouveau gynécologue du même centre de PMA a proposé un bilan sur nos échecs d’implantation. Cela nous a remotivés mais les résultats n’ont rien mis en évidence. Tout paraissait normal.

 

Alors, après une courte pause pour un déplacement professionnel à l’étranger, nous avons lancé une deuxième FIV. J’étais moins optimiste : j’avais eu des saignements pendant la stimulation. Cinq ovocytes ont été ponctionnés, deux embryons J5.

 

Malheureusement, ces deux transferts n’ont pas fonctionné non plus. Nous étions tellement déçus : nous voyions les tentatives défiler, sans succès.

 

Les équipes médicales étaient de moins en moins optimistes. Une troisième FIV nous a été proposée, mais si elle n’aboutissait pas sur une grossesse, ce serait sûrement la dernière. Pour les médecins, mon utérus unicorne n’expliquait pas tout, et ils pensaient avoir fait tout ce qu’ils pouvaient en matière de tests et d’examens.

 

De notre côté, nous avons refusé de nous résigner. C’est dans notre tempérament : rebondir. Bien sûr, il y a des jours parfois où, juste le temps d’une musique, j’accueille et j’accepte d’avoir des émotions plus négatives quand je repense à certains moments de notre parcours. Mais notre force, c’est de continuer d’y croire.

 

En septembre de cette année, pour la troisième FIV, j’ai décidé de prendre mon parcours en main : j’ai fait mes injections moi-même au lieu de faire appel à une infirmière comme pour les premières FIV. Je me suis sentie tellement capable et tellement plus libre ! Ce sentiment de satisfaction était une petite victoire.

 

Malgré mon optimisme, seulement quatre ovocytes ont été ponctionnés. C’était dur à digérer sur le coup, mais finalement, trois embryons se sont développés à J5. C’était inattendu !

 

Un premier transfert a été tenté, sans succès.

 

Alors, j’ai fait ce qu’il ne faut pas faire : j’ai demandé à Google à quoi pouvaient être dus tous ces échecs d’implantation. Et là, j’ai lu qu’il existait un test, le MatriceLab, qui, pour mon profil, pourrait apporter d’éventuelles réponses. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’en ai parlé à mon gynécologue.

 

Malgré ses réserves sur son efficacité, il a compris notre besoin d’essayer d’obtenir des réponses, et a accepté de nous suivre dans cette nouvelle étape. Et pour cela, je le remercie. 

 

Nous savons que ce n’est pas la solution miracle. Nous sommes lucides sur ce point. Mais nous voulons mettre toutes les chances de notre côté pour ne rien regretter, surtout si les deux prochains transferts devaient être les derniers.

 

Aujourd’hui, la biopsie pour le test MatriceLab est faite depuis une semaine. Le prélèvement a été envoyé et reçu juste à temps avant la fermeture du labo pour les fêtes. Nous avons l’esprit tranquille pour passer une fin d’année sereine.

 

Encore maintenant, nous ne savons pas si ce parcours nous mènera à un enfant. Non, nous ne sommes pas des guerriers. À vrai dire, je n’aime pas employer les termes « combat » ou « guerriers » pour raconter notre histoire. Nous ne nous battons pas, nous ne menons aucune guerre : nous essayons simplement d’avancer sur un chemin sinueux à la destination encore inconnue. Et si nous voulons un jour rencontrer cet enfant, il n’y a pas d’autre choix que de continuer d’avancer.