Paillettes Magazine transfert embryon | précautions | FIV

Transfert d’embryon : ce que je peux faire ou ne pas faire ?

Paillettes Magazine transfert embryon | précautions | FIV

Par le Dr Imane Lalami 

Médecin de la Reproduction en Cabinet et Centre AMP des Bluets (Paris)

Après plusieurs jours de stimulation hormonale, de contrôles échographiques, de bilans sanguins, de rendez-vous médicaux, vous êtes fin prête à passer en mode « couveuse » dans le calme, loin de votre centre de PMA. Dernière étape de votre FIV, le transfert de (ou des) embryon(s) est proche. Spoiler alerte, après la course effrénée des derniers jours, les 12 prochains (9, si vous avez un transfert de J5 !) seront probablement les plus longs à attendre. Avant de passer en mode « inspectrice » de chaque microsymptôme et de tenter plus ou moins tout ce que vous lirez pour optimiser vos chances de succès, le Dr Imane Lalami, Médecin de la reproduction au centre AMP des Bluets de Paris, vous explique comment se déroule le transfert et démêle le vrai du faux sur les recommandations avant et après un transfert d’embryon(s).

Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer comment se déroule un transfert d’embryon ?

Dr Lalami :  Si vous êtes dans un parcours en couple, vous serez convoquée avec votre partenaire le jour du transfert dans votre centre d’AMP. Votre centre commencera par contrôler votre identité.Vous serez ensuite installée dans une salle en position gynécologique.

Le médecin commence par vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication au transfert en particulier pour les transferts d’embryons frais (douleurs pelviennes, pas d’épanchement, bonne taille des ovaires).
Le médecin insère ensuite le spéculum pour voir le col de l’utérus et éliminer les sécrétions et les traces de médicaments intravaginaux de progestérone.

Côté laboratoire, l’embryon est placé dans un cathéter et confié au gynécologue.
Le transfert est réalisé sous guidage échographique abdominal pour s’assurer qu’on est situé dans la zone la plus appropriée de la cavité utérine.

Le médecin guide le cathéter, qui est un tube fin et souple en plastique, à travers le vagin et le col de l’utérus, et dépose les embryons dans l’utérus.

Enfin, le cathéter est vérifié sous microscope pour s’assurer que le ou les embryons aient bien été déposés. La durée du geste est très courte (quelques minutes).

Quelles sont les recommandations que la patiente doit prendre en compte avant le transfert d'embryon ?

Dr Lalami :  Le plus important est de venir le jour du transfert avec la vessie pleine (ou semi-pleine). Pour cela, buvez un litre à 1,5 litre dès le matin. Vous devez sentir que vous avez envie d’uriner sans que ce soit non plus inconfortable. Le fait d’avoir la vessie pleine simplifie le transfert. En effet, l’angle d’entrée dans l’utérus est réduit, ce qui permet d’accéder plus facilement à l’utérus avec le cathéter. De plus, il y a une meilleure visibilité.
Sinon, vous n’avez pas besoin d’être à jeun. Vous pouvez venir maquillée, et même avec des bijoux !

Doit-on faire une toilette intime spécifique avant le transfert ?

Dr Lalami :   Non, vous n’avez pas besoin de faire de toilette intravaginale, le médecin veillera à retirer les sécrétions naturelles avant le transfert. Une toilette « classique » avec un savon, de préférence avec un PH neutre, suffit.

Le transfert se réalise-t-il sous anesthésie ? Est-ce douloureux ?

Dr Lalami :   Le transfert se réalise sans anesthésie (sauf cas particuliers). C’est un geste indolore, le plus désagréable étant plutôt la pose du spéculum. Pour les personnes qui ont un stress très intense ou qui souffrent de vaginisme, on peut être amené à proposer l’hypnose pendant le transfert.

Quels sont les facteurs qui influent sur le succès d’un transfert d’embryon ?

Dr Lalami : Globalement, il s’agit d’être le plus détendu possible pour le transfert. Si vous êtes en couple, le fait d’être ensemble pour ce moment permet de se soutenir aussi. Pour toutes les autres pratiques non conventionnelles ou médecines complémentaires, il n’existe pas de preuves scientifiques qui garantissent de meilleures chances de succès. En revanche, une séance de psychanalyse, de sophrologie, d’acupuncture peut vous permettre de vous détendre et de prendre un temps pour vous.

De la même manière, existe-t-il des médicaments ou des suppléments pour optimiser les chances de réussite ?

Dr Lalami :  Afin d’améliorer les chances d’implantation, un traitement peut être prescrit à la patiente dans les jours précédents le transfert embryonnaire. Ce traitement sera à poursuivre après le transfert, les traitements par vitamines seront aussi poursuivis.

Certains centres proposent, en supplément ou non, l’ajout d’embryoglue® à la solution dans laquelle sont plongés les embryons avant le transfert. L’embryoglue® est enrichie en acide hyaluronique, une macromolécule présente naturellement dans de nombreux tissus et organes du corps humain, dont l’utérus qui contribue à la nidation. Les données actuelles indiquent que l’ajout d’acide hyaluronique dans les milieux de culture des embryons dans le traitement de la FIV pourrait augmenter les chances d’implantation.

L’ Aspegic® peut être proposé aux patientes selon les antécédents, le type de protocole et en cas d’échecs d’implantations embryonnaires.

Informez votre équipe médicale de toute prise de médicament ou complément alimentaire pour éviter une contre-indication.

Comment décidez-vous du moment optimal pour effectuer le transfert d’embryon ?

Dr Lalami :  À la suite d’une fécondation in vitro, l’équipe médicale suit quotidiennement le développement des embryons. En analysant les caractéristiques morphologiques des embryons (nombre de cellules, la symétrie des cellules, leur fragmentation…), les médecins identifient les embryons ayant les meilleures chances de s’implanter dans l’utérus. À partir de là, le moment optimal pour le transfert va dépendre selon qu’il s’agit d’un embryon de deux, trois, cinq ou six jours. 

En parallèle, le médecin vérifie l’aspect et l’épaisseur de l’endomètre. Certains centres vérifient également le dosage de la progestérone en amont et adaptent le traitement en vue du transfert.

Comment décide-t-on du nombre d’embryons à transférer ?

Dr Lalami :  Il s’agit d’une discussion médicale avec les patients. Pour décider du nombre d’embryons à transférer, on étudie l’âge des patients, le dossier médical et les antécédents, la qualité embryonnaire et le stade de développement de l’embryon. L’objectif est de limiter au maximum les risques d’une grossesse gémellaire.

En cas de douleurs ou de contre-indications d’ordre médicales, le transfert peut-il être reporté ?

Dr Lalami :  Oui, le transfert peut être reporté et les embryons congelés. Parlez à votre médecin de tout symptôme inquiétant

Quels sont les risques associés au transfert d’embryon, et comment sont-ils gérés ?

Dr Lalami : En cas d’hyperstimulation, une grossesse pourrait aggraver les symptômes. L’hyperstimulation est donc une contre-indication au transfert. 

Le plus grand risque du transfert d’embryons en réalité est le risque de naissances multiples s’il y a un transfert de plusieurs embryons ou que vous avez eu des rapports autour de l’ovulation dans le cadre d’un transfert d’embryon congelé sur cycle naturel ou stimulé.

Quel est le suivi habituel après un transfert d'embryon ?

Dr Lalami :  Il n’y a pas de rendez-vous de suivi jusqu’au résultat de la prise de sang qui confirmera ou non une grossesse. 

Vous devrez réaliser cette prise de sang :  

  • 12 jours après le transfert, dans le cadre d’un transfert d’un J2
  • 11 jours après le transfert, dans le cadre d’un transfert d’un J3
  • 9 jours après le transfert, dans le cadre d’un transfert d’un J5 ou J6

En revanche, si vous avez des questions dans l’intervalle, vous pouvez contacter votre centre. 

Quels sont les symptômes normaux que la patiente peut ressentir après le transfert d'embryon ?

Dr Lalami : Certaines femmes peuvent ressentir des douleurs pelviennes, ou des crampes légères, d’autres peuvent avoir de légers saignements, et d’autres encore ne ressentiront rien. L’important dans tous les cas est de toujours continuer votre prise de progestérone jusqu’au résultat du test de grossesse (même dans le cadre de saignements). Votre médecin peut vous prescrire des antalgiques adaptés en cas de douleurs.

Quels sont les signes ou symptômes qui pourraient indiquer un problème après le transfert ?

Dr Lalami : Si vous avez de fortes douleurs pelviennes, de la fièvre, des pertes abondantes de couleur ou d’odeur inhabituelle, informez votre équipe médicale. Votre médecin pourra vous proposer un traitement adapté.

Quelles sont les précautions que la patiente doit prendre immédiatement après le transfert d'embryon ?

Dr Lalami :  Beaucoup de fausses idées circulent !

  • Non, vous n’avez pas besoin de rester allongée.
  • Non, vous n’avez pas besoin d’aller marcher pour activer la circulation sanguine.
  • Non, vous n’avez pas besoin de garder vos pieds au chaud (pour respecter une légende qui dit « pieds chauds, utérus chaud » !)
  • Oui, vous pouvez avoir des rapports sexuels sans risquer de contractions utérines, avant ou après le transfert (en revanche, il n’existe aucune preuve scientifique solide qui prouverait que le liquide séminal ait un effet protecteur prévenant le rejet de l’embryon)

     

  • Oui, vous pouvez aller uriner après le transfert (d’ailleurs, c’est conseillé pour éviter les infections urinaires)

En revanche, les professionnels de santé restent partagés sur le fait de prendre un bain ou d’aller à la piscine les 3-4 jours qui suivent le transfert pour éviter les infections.

L’embryon peut-il retomber directement après le transfert (en urinant, éternuant, allant à la selle) ?

Dr Lalami : Rassurez-vous, c’est impossible ! Le col évite le passage, il est fermé hermétiquement.

Quelles sont les recommandations hygiéno-diététiques après le transfert ?

Dr Lalami :  Reprenez une vie NORMALE (ou presque)Une fois que le transfert d’embryon a été réalisé, les dés sont en quelque sorte « jetés ». 

Faites une activité physique (attention pas d’activité extrême comme un marathon), déplacez-vous, voyez vos proches, allez travailler, faites vos loisirs, etc. 

Il est préférable de ne pas boire d’alcool (actuellement il n’y a pas d’étude sur une consommation ponctuelle même minime), ni de fumer ou de consommer des drogues.

Du côté de votre alimentation et de votre hygiène de vie, consommez de façon saine et équilibrée. Si vous n’êtes pas immunisée contre la toxoplasmose, évitez les aliments à risque. 

Du côté de l’hygiène intime, pas de recommandation spécifique, si ce n’est d’utiliser un savon neutre. 

Combien de temps faut-il à l’embryon pour se fixer à l’utérus après le transfert ?

Dr Lalami : Lorsque l’embryon est transféré au stade J2 ou J3, il poursuit son développement in utero jusqu’au stade blastocyste (J5). Ensuite, un embryon transféré au stade blastocyste (J5 ou J6) fera la nidation 2 à 7 jours plus tard.

Quels conseils donneriez-vous après le transfert d'embryon pour attendre sereinement le test de grossesse ?

Dr Lalami : Restez entourés, de votre partenaire, de vos proches, de vos amis, de personnes en parcours de PMA, de toutes celles qui vous apaisent. Reprenez votre loisir préféré, faites tout ce dont vous avez envie dans l’optique de vous faire du bien (acupuncture, sophrologie, méditation, etc.)

Si vous ressentez le besoin d’un soutien psy, n’hésitez pas non plus. Vous pouvez également participer à des groupes de parole. Faites des choses qui vous font plaisir dans cette période d’attente particulière.