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Faites la chasse aux perturbateurs endocriniens dans votre alimentation !

Expert  :  Frédérique Besson
Ingénieur nutritionniste spécialisée en fertilité
www.frederiquebesson.fr

Alors que de nombreuses études ont prouvé l’impact néfaste des perturbateurs endocriniens sur la santé et la fertilité, les professionnels alertent « 80% de l’exposition aux perturbateurs endocriniens se fait via l’alimentation ». Rassurez-vous, avant de vous mettre au régime strict graines et eau, il est possible d’agir pour limiter l’exposition à ces perturbateurs endocriniens dans vos placards et vos assiettes… et c’est tout l’objet de cet article rédigé à partir de l’interview de Frédérique Besson, ingénieur nutritionniste spécialisée en fertilité.

MAIS D’ABORD, C’EST QUOI LE LIEN ENTRE PERTURBATEURS ENDOCRINIEN, alimentation ET FERTILITE ?

Les perturbateurs endocriniens sont en cause dans la baisse de la fertilité tout simplement, car ils vont interférer avec la production, la sécrétion, le transport, le métabolisme, la liaison, l’action ou l’élimination des hormones naturelles.

Leurs effets sur la santé humaine sont encore mal compris aujourd’hui, mais de plus en plus de preuves scientifiques s’accumulent. L’étude Esteban par exemple (étude de santé sur l’environnement) vise à mesurer l’exposition à certaines substances de l’environnement pour développer une vision plus globale de la santé. Un premier bilan publié en 2018 présente une altération progressive de la santé reproductive en France, similaire à celle constatée à l’échelle internationale en lien avec les perturbateurs endocriniens (bisphénol A F S, phtalate, Parabens, et composés perfluorés, etc.).

LIMITER SON EXPOSITION AUX POLLUANTS ET PERTURBATEURS ENDOCRINIENS, C’EST POSSIBLE !

Pas de bol, ces perturbateurs endocriniens se trouvent malheureusement à différents endroits à la fois… et, on le disait plus haut, notre exposition se fait surtout via l’alimentation. Mais pour Frédérique Besson, pas de fatalité ! En étant bien informé(e), il est possible de limiter votre exposition. Il existe même des outils pour vous permettre d’évaluer votre exposition aux polluants via l’alimentation. Pour en citer quelques-uns, l’application gratuite « Ma maison santé », le « site de l’Ademe », « WECF France » et son projet « Nesting »…

Les applications qui scorent les aliments ou le Nutriscore sont aussi de bons points de départ, mais attention à ne pas vous fier uniquement à ces outils pour choisir ce que vous mettez dans vos assiettes. Évidemment, vous pouvez toujours manger du fromage ou un carré de chocolat, même s’il est Nutriscore D ! L’alimentation, c’est aussi le plaisir !

ALORS, QU’EST-CE QUE VOUS POUVEZ METTRE OU PAS DANS VOS ASSIETTES LES YEUX FERMÉS ?

Commençons peut-être par ce qu’on essaie de limiter…

La majorité des métaux lourds sont lipophiles, c’est-à-dire qu’ils retiennent les substances grasses. Favorisez donc les aliments moins gras !

En ce qui concerne les produits animaux, préférez les viandes maigres pour la même raison et également, car les polluants vont avoir tendance à s’accumuler. L’Homme étant au bout de la chaine alimentaire, il aura la plus forte exposition. Ceci vaut aussi pour les poissons gras prédateurs (comme le saumon, le thon ou l’espadon), à limiter, surtout en période de préconception et pendant la grossesse, car ils ont bioaccumulé beaucoup de métaux lourds dont le mercure. Vous pouvez plutôt privilégier les petits poissons gras (comme les sardines, le maquereau, le hareng).

Dans la catégorie des aliments sous surveillance, le riz ! La plupart des rizières sont contaminées, choisissez plutôt un riz basmati (moins contaminé par le mercure) et faites-le cuire dans un grand volume d’eau pour éliminer les perturbateurs endocriniens.

La culture des cannes à sucre contient aussi beaucoup de produits phytosanitaires et de pesticides. À limiter donc !

Mais finalement, s’il devait y avoir une palme des perturbateurs endocriniens, elle reviendrait probablement aux aliments ultratransformés ou aux plats industriels. Ils contiennent des additifs alimentaires (colorants, rehausseurs de gout, conservateurs) qui sont d’authentiques perturbateurs endocriniens. Les parabènes présents dans les cosmétiques sont aussi des conservateurs alimentaires. Sans parler des contenants alimentaires de ces préparations qui peuvent contaminer le produit par migration des produits chimiques des emballages plastifiés (phtalates, bisphénol A, PFOS).

Paillettes Magazine PE | alimentation | perturbateurs endocriniensMais alors, qu’est-ce que vous pouvez manger ?

Et c’est là que vous avez perdu le sourire peut-être… vous vous voyez là, avec votre carotte crue, sans saveur, à grignoter devant la TV…

D’abord, limiter le gras, le sucre, le saumon ou la viande… ça ne veut pas dire arrêter définitivement ! Ça veut simplement dire faire d’autres choix au quotidien, tout en s’autorisant des écarts.

Essayez de manger plutôt bio et peu traité, car la grande majorité des pesticides sont des perturbateurs endocriniens.

Et surtout, cuisinez et mangez des produits frais non emballés, comme les plastiques contiennent la majorité de perturbateurs endocriniens. En cuisinant, vous serez plus avertis sur ce qu’il y a dans votre assiette si c’est vous qui l’avez préparée !

Petits conseils pour les contenants et ustensiles de cuisine !

Évitez au maximum les contenants alimentaires, préférez le verre, l’inox et ne faites pas chauffer vos plats dans le plastique ! Aujourd’hui il n’existe aucun plastique « safe », c’est pour cela que le conseil est d’essayer de bannir au maximum et progressivement le plastique (surtout le plastique marqué n°1-3-6-7, numéro à retrouver sous le contenant). Le moins mauvais plastique est celui marqué « 2-4-5 »
Évitez aussi les cannettes et les boites de conserve qui ont une couche de plastique avec des phtalates.
Pour cuisiner, préférez des poêles en inox 18-10.

 

Ne jetez pas tout dans vos placards. Rome ne s’est pas faite en un jour, donc allez-y progressivement et en douceur ! Et si vous avez besoin d’aide pour faire le point sur vos habitudes alimentaires et votre exposition, n’hésitez pas à consulter un nutritionniste ou à en parler à vos médecins qui pourront vous adresser à des spécialistes de la question.