Annonce Grossesse

Petits trucs pour bien vivre l’annonce des grossesses autour de vous ?

Comme fait exprès, vous voyez des « Baby Bump » partout autour de vous, dans la rue, à la télé, dans les magazines… Quand en plus les copines, les collègues ou votre soeur vous annoncent leurs grossesses, il devient difficile de faire bonne figure et de ne rien laisser paraître de cette étrange émotion qui oscille entre tristesse, joie et jalousie.

Comment vivre ces situations sans amertume ? Comment réagir à cette annonce ? Comment parvenir à ne pas subir ? Aurore et Magalie partagent leurs expériences et petits « trucs » pour rester positives.

Se considérer comme « une mère en devenir »
et non comme « femme sans enfant » !

Aurore, 32 ans :

J’avais l’impression que toutes les femmes autour de moi tombaient enceintes en un claquement de doigts. Je me souviens surtout d’une annonce qui m’a particulièrement fait mal et qui a pour le coup déclenché chez moi un mécanisme d’autoprotection. Nous étions un groupe d’amis, tous en couple depuis quelques années et nous nous retrouvions régulièrement les week-ends, pendant les vacances, pour les anniversaires… Bref, chaque événement que l’on pouvait fêter, on le fêtait. Après la période des mariages, dont le nôtre, est venue vite après celle « des bébés ». Nous étions d’ailleurs un des premiers couples avec Antoine à vouloir des enfants. Quelle optimiste j’étais de vouloir « DES » enfants ! Cela faisait déjà quelque temps que nous essayions, et puis au bout de 2 ans, on s’est tourné vers des IAC (3 au total qui n’ont pas fonctionné), puis nous sommes vite passés aux FIV. La première n’a rien donné, mais comme nous avions des embryons congelés, nous avons vite remonté la pente en nous disant que rien n’était encore perdu. Entre-temps, tous nos amis avaient déjà eu un enfant. À chaque annonce, malgré un petit pincement au coeur, nous étions tout de même heureux pour eux.

Cette fois-là, à l’approche des vacances d’été, on avait décidé de faire une petite pause AMP. J’étais fatiguée nerveusement et physiquement. Tous nos amis étaient au courant des épreuves que l’on traversait et suivaient cela de plus ou moins près. Certains posaient des questions avec pudeur, les autres ne semblaient pas réaliser ce que l’on traversait. Plus les échecs s’accumulaient, plus il était difficile pour moi de parler ou d’entendre parler de grossesse et de maternité. C’était donc le premier week-end des vacances, on devait tous se retrouver pour une crémaillère.

Le temps de saluer tout le monde, de visiter la nouvelle maison, le bouchon de champagne saute et nous levons nos coupes. Laure, toute excitée, pose son verre et annonce : « Pas de champagne pour moi, Marius va avoir un p’tit frère ou une petite sœur… bon, on ne s’attendait pas à ce que ça arrive aussi rapidement, mais on est super contents ! » Les félicitations et embrassades fusent et pour moi le temps s’est arrêté là. Je me suis mise sur « Off » avec l’impression de sortir de mon corps, d’être prise en otage et de devoir assister à cette scène de joie sans y être invitée. J’ai félicité Laure timidement, je n’ai pas pleuré, j’ai même souri bêtement tout le long. Faut dire que mes amis avaient l’air tellement heureux. J’étais anéantie, un deuxième enfant au compteur qui, en plus, débarque trop vite… En une fraction de seconde, Antoine et moi avons échangé un regard et toute notre peine.

De ce jour, je ne me souviens que de mon chagrin et de cet immense vide. J’ai pris le temps d’analyser la situation et je me suis dit que je ne pouvais me condamner à vivre cela à chaque vision de femme enceinte ou à chaque annonce de grossesse. Je me suis donc efforcée de penser positivement, malgré les échecs et ce qui nous attendait encore, je me suis positionnée en « mère en devenir » plutôt qu’en femme ou couple sans enfant. Je savais au fond de moi que, d’une manière ou d’une autre, je serai mère à mon tour un jour. Bien sûr, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, les annonces et les naissances qui ont suivi n’ont pas été toutes vécues avec aisance, mais petit à petit j’ai réussi à vivre cela sans subir. Pour la petite histoire, 1 an, presque jour pour jour après cette annonce qui m’avait dévastée, j’annonçais à mon tour ma grossesse, obtenue après une 3e FIV. Clara est aujourd’hui notre petit trésor, une petite fille pleine de vie qui a su réparer nos cœurs bien mis à mal durant toutes ces années et qui nous a « presque » fait oublier ce par quoi on a dû passer. Bonne chance à toutes ces mamans en devenir !

Expliquer clairement ce que l’on ressent !

Magalie, 29 ans :

Pour nous, devoir gérer l’annonce de grossesses dure depuis 5 longues années. Au début, je réagissais plutôt bien, j’étais un petit peu envieuse, mais comme toutes les femmes qui ont un désir d’enfant, je me disais juste « la prochaine, ce sera moi ! ». Puis un an et demi après, quand je ne voyais toujours rien venir, je m’agaçais de voir que pour certaines, la grossesse arrivait avec autant de facilité. Quand on a commencé l’AMP, c’est devenu de plus en plus difficile à gérer. Pour préserver encore le peu d’intimité qui nous restait, nous n’avions pas parlé de nos difficultés à concevoir autour de nous. Alors bien sûr, on a essuyé les phrases assassines du type : « Vous avez perdu le mode d’emploi ? », « Magalie, tu préfères privilégier ta carrière professionnelle plutôt que de fonder une famille ? », « Vous ne voulez pas d’enfant ? », et j’en passe… Puis un jour, devant l’indélicatesse de certains, j’ai totalement craqué et il m’était impossible de me réjouir une fois de plus pour une grossesse qui ne serait pas la mienne. C’était trop ! Trop lourd à porter, trop difficile de devoir faire semblant.
Alors j’ai parlé, j’ai raconté tout notre parcours : les 2 stimulations, les 4 inséminations, les échecs, les longues heures passées dans le tram pour me rendre au labo à l’autre bout de la ville pour les échos et prises de sang, les injections quotidiennes et surtout ma douleur à chaque annonce… J’ai clairement expliqué ce que je ressentais à tout notre entourage ; qu’il ne fallait pas m’en vouloir si je ne venais pas à la maternité, qu’il m’était difficile de partager un repas avec des femmes enceintes et des jeunes mamans qui n’allaient parler que de maternité, que la vision d’une femme enceinte, même si je savais qu’elle n’y était pour rien, me rendait terriblement malheureuse et ne me renvoyait qu’à mon propre échec.

La grande majorité de mes amies l‘a très bien compris et certaines ont même eu un regard vraiment bienveillant, d’autres par contre n’ont pas forcément saisi mon mal-être et m’ont jugée trop égoïste. Tant pis, cette épreuve me permet aussi de repérer mes vrais soutiens, mes rocs et le fait de mettre des mots sur mes maux m’aide à me protéger et à continuer mon combat dans de meilleures conditions !

Retrouvez les conseils de Léa Karpel, psychologue clinicienne à l’hôpital Foch pour apprendre à accueillir une jalousie dévorante sur l’article ici.