14 Mar Arrêter de fumer avant de commencer l’AMP
Le nombre de fumeurs en France est estimé à 15 millions, plus de 3 personnes sur 10 âgées de 18 à 75 ans (1). L’impact du tabac, même à faible dose, sur la santé a largement été démontré (cancers, maladies cardio-vasculaires …). En revanche, peu de fumeurs ont conscience des risques du tabac sur leur fertilité.
Les études montrent même que fumer lors d’un protocole d’AMP, réduit les chances de réussite d’une FIV à 15% contre 23% chez les non-fumeurs. Le projet de parentalité est donc le bon moment pour arrêter de fumer !
Ce que disent les études tabagisme et fertilité
Le tabac contient plus de 4000 composés appartenant à des classes chimiques bien connues pour leur toxicité. L’effet nocif du tabac sur la reproduction humaine a largement été décrit et ses composés affectent, à des niveaux différents, le système reproducteur féminin et masculin.
Chez la femme, le tabac influe sur la qualité de la paroi utérine ainsi que sur le flux sanguin indispensable à la nidation, allongeant ainsi le délai de fécondation de 3 à 4 fois par rapport aux non-fumeuses. Par son action antiœstrogène, le tabac avance également l’âge de la ménopause d’environ 2 à 3 ans. Chez l’homme, une étude menée en 2006 (2) met en évidence que les spermatozoïdes des fumeurs sont moins rapides et moins nombreux et ont une forme atypique, situations rendant plus complexe la fécondation des ovocytes.
Parmi ces 4000 composés nocifs, certaines toxines provenant de la combustion du tabac peuvent entrainer des altérations de l’ADN des spermatozoïdes, provoquant ainsi des anomalies embryonnaires, une diminution des chances de grossesses et surtout une augmentation des risques de fausse-couche.
Tabagisme & FIV
Vous avez peut être déjà dit « J’arrêterai de fumer quand je serai enceinte ! ». Et c’est déjà un premier pas, mais il faut que vous sachiez qu’à chaque tentative de FIV, les fumeuses perdent 15% de chances de grossesse.
Une étude réalisée auprès de 500 femmes a montré une augmentation d’échec d’implantation dans le groupe des fumeuses, alors que celles-ci étaient plus jeunes que les non-fumeuses. Par ailleurs, il a été mis en évidence que lors d’une stimulation ovarienne, il existe une corrélation entre le nombre d’ovocytes recueillis et le nombre de cigarettes consommées. En effet, chez les non-fumeuses, 10 ovocytes en moyenne sont recueillis lors d’une ponction contre 7 chez les femmes fumant plus de 15 cigarettes par jour.
C’est également à partir de 10 cigarettes par jour que la diminution du taux de grossesses est significative. Enfin, comme en fertilité naturelle, l’action du tabac apparaît délétère sur l’évolution de la grossesse, avec une augmentation du taux de fausses-couches précoces. D’autres hypothèses montrent que le pourcentage de stérilités tubaires est de 34% chez les non-fumeuses, de 57% chez les anciennes fumeuses et de 62% chez les fumeuses actuelles. L’action du tabac pourrait donc altérer la fonctionnalité des trompes.
Les solutions pour arrêter de fumer
Cesser de fumer du jour au lendemain n’est pas évident, surtout si vous êtes un fumeur régulier et si débuter un protocole AMP vous paraît stressant (normal!). Faites-vous aider, plutôt que d’abandonner ou de culpabiliser de ne pas y arriver !
Il existe plusieurs méthodes pour arrêter de fumer, vous trouverez certainement la vôtre. Quelle que soit la méthode choisie, il faut souligner l’importance de la motivation.
Les substituts nicotiniques
Vous n’avez que l’embarras du choix, patchs, gommes, pastilles, chewing-gum, inhaleurs… En vente libre en pharmacie, les substituts nicotiniques sont désormais disponibles sous de nombreuses formes, nous vous conseillons toutefois de demander l’avis de votre médecin, gynécologue-obstétricien ou tabacologue avant de démarrer un sevrage tabagique dans le cadre d’un protocole AMP. Sachez que parmi tous leurs présentations ou conditionnements, leur efficacité, à dosage égal, est similaire. On peut donc choisir la forme du substitut nicotinique en fonction de son mode de vie, de sa façon d’appréhender son sevrage, mais aussi de sa capacité financière. Certains d’entre vous préfèreront le patch qui reste discret pour aller travailler, d’autres préfèreront les gommes à mâcher ou les pastilles pour « occuper » la bouche et canaliser une anxiété passagère. Il faut toutefois savoir qu’un sevrage se fait sur la durée. Si vous avez peur de créer une nouvelle accoutumance, rassurez-vous, le phénomène de dépendance qu’on connaît avec la cigarette n’existe pas avec les substituts nicotiniques et ils permettent surtout de tripler les chances de réussite de votre sevrage.
L’acupuncture
Non validée par l’AFSSAPS(Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) l’acupuncture a pourtant fonctionné sur certaines personnes ayant tenté d’autres méthodes thérapeutiques sans succès. Une séance classique commence par une première entrevue avec le médecin-acupuncteur qui étudiera vos antécédents, vos habitudes et les éventuels traitements en cours pour valider votre compatibilité. Deux méthodes sont souvent utilisées. La première consiste à placer deux aiguilles de chaque côté du nez, une seule séance de 20 mn est généralement nécessaire. L’autre méthode, appelée « auriculothérapie », stimule des points précis du pavillon de l’oreille avec des aiguilles ou des aimants.
L’hypnose
La séance commence par un entretien individuel pour évaluer les habitudes qui nourrissent votre dépendance, votre motivation, le soutien familial et professionnel (favorable ou défavorable). Ensuite, l’hypnothérapeute vous accompagne dans un état hypnotique pour accéder à votre inconscient, partie qui gère toutes les données dont vous n’avez pas besoin pour exister comme les addictions, les automatismes, les attaches émotionnelles…
Il existe plusieurs approches comme celle de suggérer directement au fumeur un changement, modifier la perception du comportement de dépendance ou encore utiliser l’hypnose pour visualiser l’avenir sans tabac. Attention toutefois, même si une séance suffit, l’hypnose n’est pas une potion magique qui efface toutes vos années de tabagisme. Il faut donc que votre motivation soit au rendez-vous pour que cette méthode fonctionne. Le choix du thérapeute est également très important, renseignez-vous sur ses diplômes et son expérience.
La mésothérapie
Cette méthode consiste à injecter, directement dans le sang, un mélange homéopathique qui provoque le dégoût de la cigarette et lutte contre l’envie de fumer, l’irritabilité, l’état de manque et l’envie de grignoter. La pratique de la mésothérapie nécessite un diplôme de mésothérapie (DIU), seuls les médecins titulaires de ce diplôme sont reconnus et autorisés à faire rembourser leurs actes de mésothérapie par les caisses d’assurance maladie. Vous pouvez trouver un praticien sur le site de la « Société Française de Mésothérapie ».
Le livre d’Allen Carr
Même si cette méthode est controversée et qu’il n’existe pas d’étude scientifique prouvant l’efficacité de cette approche, elle a tout de même permis à certains fumeurs d’arrêter ou du moins les a aidés à prendre conscience des raisons et du mécanisme d’accoutumance. Se focalisant uniquement sur la dépendance psychologique, la méthode Allen Carr n’est pas adepte des substituts nicotiniques et encore moins de l’arrêt progressif. Selon Allen Carr, se débarrasser des illusions que l’on entretient avec la cigarette est la clé de la réussite. « Le tabac n’est pas un antistress, il ne permet pas de mieux se concentrer ou de se calmer avant un événement important. Une fois que le fumeur a compris et identifié les raisons qui l’aliènent au tabac, il peut plus facilement renoncer à la cigarette ».
Concernant la cigarette électronique
La cigarette électronique est souvent présentée comme une alternative moins nocive à la cigarette traditionnelle. Cependant son efficacité en tant que substitut nicotique ou son impact sur la santé et sur la fertilité font beaucoup débat. A ce jour il manque encore de preuves scientifiques.
Un professionnel de santé (médecin, pharmacien, sage-femme, etc.) ou un tabacologue peuvent vous aider à trouver une méthode adaptée à votre situation et vous accompagner dans votre arrêt du tabac.
Les conséquences néfastes du tabac sur les résultats de la FIV sont liées aux effets nocifs des éléments contenus dans la fumée de cigarette. Si vous arrêtez de fumer et n’êtes plus exposée à la fumée de cigarette, alors vous augmenterez vos chances de réussite en AMP.
Vous pouvez également bénéficier d’un accompagnement personnalisé et gratuit en vous rapprochant d’un tabacologue sur www.tabac-info-service.fr ou en appelant au 39 89. Parlez-en également au médecin de votre centre d’AMP qui pourra également vous orienter.
(1) Source : Santé publique France – Observatoire français des drogues et des tendances addictives. Drogues et addictions, chiffres clés. Paris: OFDT; 2022
(2) Quatre chercheurs américains, israéliens et brésiliens publiée en Avril 2016 dans la revue European Urology.