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Méditer en AMP

Depuis quelques années, la méditation a le vent en poupe. Les rayons des librairies se remplissent d’ouvrages en tout genre et des émissions se consacrent à cette thématique sur les ondes. Mais, qu’appelle-t-on méditation et comment la pratique-t-on ? Que peut elle vous apporter dans un parcours d’AMP ?

Qu’est-ce que la méditation ?

D’un point de vue étymologique, ce terme vient du latin meditari, qui signifie « penser », « réfléchir » . Cette discipline millénaire est originaire d’Orient. Étant donné qu’elle est pratiquée dans différentes cultures et religions, il en existe plusieurs types : Vipassana, Zen, en pleine conscience (…). Constatant les nombreux bénéfices sur la santé, le professeur J. Kabat-Zinn, médecin responsable de la clinique de réduction du stress au Massachusetts (États-Unis), l’a intégré aux soins. Il a développé une approche laïque pour proposer la méditation dite de pleine conscience, ou Mindfullness, qu’il définit dans son ouvrage Où tu vas, tu es  (1996) : « La pleine conscience signifie “faire attention” d’une manière particulière : délibérément, au moment présent et sans jugements de valeur. Cette sorte d’attention nourrit une prise de conscience plus fine, une plus grande clarté d’esprit et l’acceptation de la réalité du moment présent. Cela met en évidence le fait que nos vies sont une succession de moments où nous avons intérêt à être présents ». Même si elle peut induire un apaisement et un calme intérieur, la méditation se différencie de la relaxation. Son objectif ne consiste pas à se détendre, mais plutôt à vivre l’instant présent, tout en s’ancrant dans sa respiration.

Christophe André, un médecin psychiatre français spécialiste de la question, rappelle que toute pratique s’inscrit avant tout dans le souffle : « Depuis toujours, la respiration occupe une place centrale dans les pratiques méditatives : c’est le moyen le plus puissant pour se connecter à l’instant présent (ou pour s’apercevoir qu’on a du mal à s’y connecter…). C’est pourquoi un des conseils les plus simples et les plus efficaces que l’on donne aux débutants, c’est de prendre plusieurs fois dans la journée le temps de respirer, seulement respirer, pendant deux ou trois minutes entières ». 

 

Il s’agit donc de s’adonner à l’expérience de l’instant présent pour accueillir ce qui s’y passe sans juger, en toute bienveillance. Ca vous parle, à vous qui êtes souvent projetés dans le « demain, à J1, J14, DPO14 et le mois prochain » ?

 

Les effets thérapeutiques de la méditation

La méditation permet essentiellement de réconcilier et d’unir le corps et l’esprit. Afin d’approfondir les connaissances, des colloques réunissent des spécialistes issus des neurosciences, de la psychologie, mais aussi des moines pratiquants comme le Dalaï-Lama. Christophe André mentionne dans son article les études ayant conclu aux effets positifs tant sur le plan psychologique que physiologique.

Compte tenu de ces bienfaits, les professionnels de la santé y ont de plus en plus recours, notamment dans la gestion du stress, de la douleur ou dans la prévention de la rechute dépressive. Elle peut s’associer à d’autres disciplines, à savoir le yoga, le Taï-Chi ou le Qi-Qong, trois « méditations en mouvement ».
En AMP, le corps se réduit souvent à un objet de soins, fréquemment mis à mal. Se reconnecter à soi-même devient donc essentiel. De plus, dans le parcours d’AMP, le vécu est souvent qualifié de « montagnes russes émotionnelles ». Le stress est important compte tenu de la lourdeur des protocoles et il s’exacerbe en cas de successions d’échecs.

Une pratique régulière de la méditation peut donc devenir très utile pour les personnes confrontées aux problématiques de l’infertilité médicale ou sociale. En effet, cette approche permet de prendre conscience du flux des affects et des pensées et favorise une prise de recul vis-à-vis de son expérience. 

Pendant une séance, un cycle d’apprentissage se répète autant que nécessaire tout au long de l’exercice. Tout d’abord, le vagabondage mental est omniprésent (Est-ce que la FIV va marcher ? Est-ce que les échecs sont de ma faute ? Etc.). Le méditant réalise alors qu’il se retrouve accaparé par ses ruminations, ses sensations et ses émotions qui le distraient. Cela lui permet de s’en détacher sans se juger et de refocaliser son attention sur l’objectif initial.

 

À noter toutefois que la méditation ne se substitue pas à un suivi psychologique, mais s’avère plutôt complémentaire. Par ailleurs, des psychiatres préconisent d’éviter cet exercice en cas de dépression sévère, d’idées suicidaires, de stress post-traumatique ou de troubles psychotiques car la pratique peut majorer les troubles. Ils invitent ces personnes à s’orienter vers un spécialiste afin de bénéficier d’un accompagnement adapté.

Comment pratiquer la méditation ?

À ce moment même où vous lisez l’article, vous pouvez vous concentrer sur votre respiration. Vous percevez l’air entrer dans votre nez, emplir vos poumons, gonfler votre poitrine, avant de ressortir un peu plus chaud par vos narines. Que vous soyez assis ou debout, vous sentez vos pieds au sol, les vêtements contre votre peau. En parcourant mentalement votre corps, vous relevez peut-être quelques tensions ou tiraillements, des fourmillements, ou des zones neutres. Le bruit environnant est-il lointain, provenant de l’autre côté d’un mur, ou au contraire se trouve-t-il tout autour de vous ? Vous observez certaines pensées vagabonder dans votre esprit. Il n’y a rien à juger ni à rejeter. Vous avez juste à accueillir et accepter cette expérience de l’instant présent tout en focalisant votre attention sur votre souffle afin de vous recentrer.

 

Différents ouvrages vulgarisés guident la découverte de la méditation de pleine conscience. Le Docteur Christophe André développe tout ce qui la compose dans de nombreux livres et il joint des supports audio pour faciliter l’initiation. Il réalise également des émissions sur France Inter.

De plus, les docteurs Jeanson et Versaevel, rattachés à l’Établissement Public de Santé Mentale de Lille, ont conçu un programme de méditation de pleine conscience gratuit, accessible sur Internet. Ils mettent à disposition des documents et des fichiers MP3.

Enfin, J. Kabat-Zinn a élaboré le MBSR — Mindfullness Based Stress Reduction, un programme de réduction de stress basé sur la pleine conscience, ayant fait ses preuves. Un professionnel formé à cette technique anime des groupes, et intègre quelques postures de yoga. Des sessions fleurissent partout sur l’hexagone, et sont référencées sur le site de l’association mindfulness. Les séances hebdomadaires sont réparties sur huit semaines, ainsi que sur une journée entière.

Il existe également des applications, disponibles gratuitement, en freemium, ou payantes, comme Petit Bambou par exemple. 

   

 

En conclusion, la méditation est un outil qui permet, grâce à l’attention et à la respiration, de s’ancrer dans le moment présent. Simple d’utilisation, elle peut être pratiquée aisément, quels que soient le lieu et la durée. Certains y découvriront une aide précieuse tandis que d’autres ne seront pas réceptifs. Ce qui importe est que chacun(e) identifie le(s) moyen(s) pour se ressourcer dans ce parcours d’AMP, sanas injonction et pour se faire du bien !

 

Par Émilie Ubico
Psychologue clinicienne.

BIBLIOGRAPHIE :

  1. André (2011), Méditer jour après jour25 leçons pour vivre en pleine conscience, Edition L’Iconoclaste, 300 p.
  2. André (2012), « Méditer pour une vie plus saine », in Cerveau et psycho, juillet-août, n° 52, p. 34-52
  3. Berghmans (2010), Soigner par la méditation, Thérapies de pleine conscience, Collection « Pratiques en psychothérapies », Édition Elsevier Masson, 208 p.
  4. Kabat-Zinn (1996), Où tu vas, tu es, Édition J’ai Lu, 280 p.
  5. Kabat-Zinn & J. Davidson (2014), L’esprit est son propre médecin : le dialogue de la méditation et de la science, Édition les Arènes, 360 p.
  6. Ricard & W. Singer (2017), Cerveau et méditation. Dialogue entre le bouddhisme et les neurosciences, Édition Allary Eds, 496 p.