Paillettes Magazine

Les derniers à ne pas avoir d’enfants !

Quand vos amis, sœurs, frères, cousins ont des enfants et que vous êtes les seuls à ne pas en avoir, le décalage est quasi inévitable. Comment ne pas subir certaines situations et ne pas être montré du doigt comme les « sans-enfants » d’un groupe ? Comment se protéger et protéger son couple ? Johanna, Karim et Sandra ont eu la gentillesse de nous raconter leurs expériences.

Une vie en décalage

Lorsque dans votre entourage tous vos amis deviennent parents, et que malheureusement il n’en est rien pour vous, il est difficile de ne pas se sentir exclus. Les habitudes changent, les centres d’intérêt aussi. Vos amis ont moins de temps à vous consacrer, ce que vous comprenez d’ailleurs, mais lorsque vous vous voyez pour passer un moment ensemble, les discussions tournent vite autour de leurs enfants. Pour Johanna, cette période reste un mauvais souvenir « Quand ma meilleure amie est tombée enceinte, j’ai tout de suite vu le changement. Nous qui ne passions pas une seule journée sans nous voir ou nous appeler, nos habitudes ont vite changées quand son bébé est né. Aucune jalousie de ma part, j’étais même super heureuse pour elle, mais il n’empêche que l’arrivée d’un enfant change le quotidien. Puis, petit à petit, tous nos amis se sont à leur tour lancés dans la grande aventure de la parentalité. En 4 ans, nous nous sommes retrouvés seuls contre tous ! Ce n’était pas l’envie qui nous manquait ou la peur de l’engagement, non, c’était juste que ça ne fonctionnait pas ! Nous avons donc dû avoir recours à l’AMP, et ces périodes d’attente, de traitements et d’échecs ont été très dures à encaisser. Bien qu’on ait parlé de nos difficultés avec nos amis, cela ne les empêchait pas de consacrer les repas, sorties, etc. aux dernières prouesses de leurs enfants ou aux dernières modes d’éducation ! Autant vous dire que nous nous sommes sentis vraiment exclus de tout. »

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L'avis du Psy !

On parle souvent de l’isolement des nouveaux parents qui vivent au rythme des couches et des nuits écourtées. On oublie par contre, ceux pour qui la « non-parentalité » n’est pas un choix, et pour qui l’exclusion est difficile à vivre. Beaucoup de couples vivent cette situation, mais lorsque ceux-ci attendent l’arrivée d’un enfant depuis longtemps et qu’ils vivent en plus l’épreuve de l'AMP, c’est la double peine. Sans pour autant s’exclurent volontairement de leurs groupes d’amis, les couples sans enfant ont tendance à s’investir davantage dans leur conjugalité ou dans leur carrière professionnelle pour pallier au manque. Finalement, cette parenthèse de vie, avec toute la souffrance qu'elle comporte, peut aussi être vue comme une opportunité de penser à soi, et prendre soin de soi. Marielle  - Psychologue clinicienne.

Se réinventer et s’investir

Difficile de retrouver la complicité d’antan, de trouver ou de conserver sa place dans un groupe quand bien souvent vous et votre conjoint êtes relégué sur le banc de touche. Quand vous n’avez pas d’enfant, vous devenez malgré vous, les supers « Tonton et Tatie » de tous les enfants qui vous entourent.

 

Sandra et Karim en ont fait la douloureuse expérience : « Nous étions mariés depuis 5 ans avec Karim, et il ne nous manquait qu’un enfant pour parfaire notre bonheur. Le plus dur, en fait, c’est le statut que votre entourage vous donne. Quand vous n’avez pas d’enfant, vous devenez malgré vous, les super “Tonton et Tatie” de tous les enfants qui vous entourent. En pensant vous faire plaisir en vous attribuant ce rôle, c’est comme s’ils partageaient un peu leurs enfants pour combler votre manque et votre peine. Bien sûr, ça part d’un bon sentiment, mais nous ne ressentions que de la pitié, et en tant que couple sans enfant, nous avions le sentiment de n’être plus légitimes parmi eux. Comme, toutes les conversations tournaient autour des enfants, nous attendions en spectateurs de longues et interminables heures, bref on s’ennuyait puisque nous ne pouvions rien partager. Et puis petit à petit, nous nous sommes éloignés, nous n’avons pas coupé les ponts, mais nous ne nous obligions plus de rien. Karim, lui, s’est investi dans une association sportive dans laquelle il s’éclate et moi j’ai réalisé mon rêve de travailler à mon compte et j’ai pu ainsi développer mon petit commerce de parfums d’ambiance haut de gamme. Tous deux, nous avons tissé de nouvelles amitiés avec des personnes qui n’avaient pas ou plus d’enfants à charge. Finalement, nous avons plutôt pris cela du bon côté et avec humour en nous disant que sans enfant, nous pouvons nous épanouir dans nos carrières ou passions, nous pouvons partir en week-end dernière minute, nous pouvons faire les grass’mat  sans culpabiliser… Le couple est suffisamment mis à l’épreuve en AMP que nous n’avons pas voulu remplacer un combat par un autre. Notre priorité c’était nous et rien que nous. Au final et ironiquement, certains amis envient l’harmonie, la liberté et la complicité qui règnent dans notre couple.»

 

Difficile de forcer le positivisme à toute heure lorsque l’on subit les aléas d’un parcours d’AMP, mais vous avez peut-être en tête une ou deux choses positives à chérir que cette aventure vous aura apporté !