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Quelle santé pour les enfants nés d’AMP ?

Vous êtes-vous déjà demandé si les enfants nés grâce à une technique d’AMP étaient différents ? Peut-il y avoir des conséquences psychologiques ou physiques en fonction de la technique par laquelle l’enfant a été conçu ? Que sait-on aujourd’hui à long terme du devenir de ces « bébés-éprouvettes » ? Ce sont des questions qui intéressent également les scientifiques, même s’il existe encore peu de données. Faisons ensemble le tour des publications.

Ce que l’on sait aujourd’hui sur les enfants nés grâce à l’AMP 

Depuis les années 1970, début des techniques d’Assistance Médicale à la Procréation, plus de 8 millions d’enfants sont nés par Fécondation In Vitro dans le monde. Selon les chiffres de l’Agence de Biomédecine, en France les enfants conçus après AMP (FIV et insémination) représentent 27 180 naissances en 2019. Un enfant sur 28 est donc issu d’une technique d’Assistance Médicale à la Procréation.

Les risques posés par les grossesses obtenues après FIV sont bien documentés : augmentation de la prématurité et du nombre de bébés de faible poids : l’hypotrophie, (ces risques sont à relier à l’infertilité elle-même), une plus grande fréquence de grossesses multiples (environ 25 % de grossesses gémellaires, 3 % de grossesses triples et plus).

Paradoxalement, il y a peu de données sur la santé des personnes nées d’une AMP, en raison du « petit nombre d’études qui s’intéressent au sujet, du petit nombre de personnes ayant participé à ces études, et du faible recul » explique l’Agence de la Biomédecine dans une brochure qu’elle actualise régulièrement sur le sujet. 

Il est vrai que la santé d’une personne est multifactorielle ensuite : quelle exposition aux toxiques ? quels antécédents familiaux ? quel mode de vie et quelle hygiène de vie ? Difficile d’affirmer avec certitude que la méthode de conception est directement en lien avec tel ou tel risque. C’est du moins le postulat retenu par les scientifiques. Malgré tout, l’Académie Nationale de la Médecine en France a publié en 2023 un rapport pour revenir sur ce que l’on sait vraiment aujourd’hui de la santé des enfants nés d’une FIV pour nous aider à faire le tri dans les informations. 

Notons que pour l’insémination artificielle, les données scientifiques n’on pas identifié de problème de santé chez les enfants. 

 

Mais alors, des enfants et des adultes comme les autres ?

Des troubles du neurodéveloppement ou du comportement ?

Sur le plan des troubles du « neurodéveloppement », c’est à dire les troubles moteurs, les déficits intellectuels, les troubles du spectre autistique (TSA), les troubles de l’apprentissage, de la communication, l’hyperactivité, les troubles obsessionnels compulsifs, les troubles de comportement ou l’anxiété, les études internationales se contredisent. Vous avez peut-être entendu parler d’absence de lien entre troubles du spectre autistique (TSA) et AMP, ou au contraire d’une augmentation de TSA en FIV ICSI ? Des études parlent d’augmentation de déficience cognitive en lien avec la prématurité des enfants nés de FIV, puis à l’inverse d’autres études évoquent des risques de déficience cognitive abaissé. Vous avez même peut être lu une étude qui faisait état d’un niveau d’éducation supérieur pour les enfants nés de FIV. Rien que ça ! 

Au final, difficile de faire le tri, si ce n’est que les études rapportant des troubles tempèrent leurs conclusions avec des limites sur la taille des effectifs et les facteurs liés aux antécédents des parents. L’Académie Nationale de la Médecine conclut que la conception par FIV ou par ICSI ne semble pas avoir d’effet négatif sur le neurodéveloppement, hormis bien entendu les séquelles dues à la prématurité. De nouvelles études devraient décrire plus précisément ces troubles, en lien notamment avec le contexte socio-familial. 

Vers un suivi précoce préventif cardiovasculaire ?

Depuis plusieurs années, des études suggèrent des troubles cardiovasculaires chez les enfants nés de FIV, et ce, dès le plus jeune âge. En 2017, un groupe de chercheurs chinois après avoir étudié les travaux d’une vingtaines d’autres équipes de recherche, confirmaient une « augmentation mineure mais statistiquement significative de la pression artérielle systolique et diastolique », c’est à dire de la pression du sang lorsque le coeur se contracte et de la pression du sang dans les artères quand le coeur se relâche. L’augmentation de la pression artérielle chez l’enfant pourrait engendrer plus tard de l’hypertension artérielle et  donc plus de maladies cardiovasculaires, car le coeur est plus fatigué. En cause dans ces études, le stress oxydant (une agression des constituants des cellules). Le stress oxydant  pourrait être induit par les manipulations des gamètes et de l’embryon lors de la FIV/ICSI, ou plus simplement, viendrait des parents (infertilité, âge avancé, obésité, hygiène de vie). Au sujet de ce risque cardiovasculaire qualifié de « modéré », l’Académie Nationale de Médecine s’interroge sur « un suivi précoce préventif avec des mesures d’hygiène et diététiques adaptées » et rappelle l’importance d’avoir plus d’études sur le sujet

Pas de lien entre AMP et cancers pédiatriques

Les études publiées à ce jour n’ont pas trouvé de différence du taux de cancer chez les enfants conçus par FIV par rapport à ceux conçus naturellement. Une large étude est en cours en France pour mesurer la survenue de cancers chez les enfants conçus par FIV et spécifiquement pour étudier la différence entre les embryons issus d’un transfert d’embryons congelé ou frais.

« Bébés-éprouvettes » : des enfants précieux

Sur un point de vue psychologique, les « bébés éprouvettes » sont des enfants qui ont longtemps été désirés et qui sont issus d’un long combat contre l’infertilité. Après de nombreuses années d’essais, de traitements, d’échecs et de fausses couches, les parents ont eu tout le temps de se préparer à l’arrivée de ce bébé, souvent surnommé « bébé miracle ». Ces enfants sont alors généralement surprotégés et plus investis par leurs parents, mais leur devenir psychologique ne varie pas, comparé aux enfants conçus naturellement.

Cependant, ces études ne s’appuient que sur des enfants âgés de 0 à 5 ans, seules quelques-unes commencent à s’intéresser aux périodes de la pré-adolescence et de l’adolescence. Malgré le faible recul et le peu de chiffres disponibles, les différences notées ne sont pas statistiquement significatives. Les relations parents-enfants autour de l’adolescence laissent apparaître certaines difficultés psychoaffectives, mais aucun trouble psychologique grave ne paraît relatif au mode artificiel de conception. Cette période délicate qu’est l’adolescence laisse en effet penser que l’enfant se pose davantage de questions sur son existence et sa venue au monde et que selon ces mêmes études, seuls 8,6 % des adolescents conçus par FIV étaient au courant de leur origine génétique.

L’infertilité chez les personnes nées par FIV  ?

Parmi les différentes causes pouvant expliquer l’infertilité, le facteur de la génétique est à prendre en considération. Le syndrome de Turner, par exemple, constitue l’une des principales anomalies chromosomiques susceptibles de provoquer une stérilité chez la femme. Chez l’homme, on peut faire l’hypothèse que les cas d’altération de la fertilité seront possible chez les garçons conçus par une FIV ICSI réalisée pour résoudre le problème d’infertilité de leur père d’origine génétique, comme le suggère une étude belge de 2016. En revanche aucune étude n’a démontré que les techniques d’AMP étaient délétères sur la fertilité des enfants ainsi conçus. D’ailleurs, Amandine, le premier « bébé-éprouvette » a donné naissance en 2017 à une petite fille conçue de manière tout à fait naturelle. C’est aussi le cas de Louise Brown née en 1978 qui, en 2006, a eu un enfant en parfaite santé par « fécondation naturelle ».

 

En conclusion…

Globalement, les résultats sont plutôt rassurants car l’incidence de pathologies quelles qu’elles soient est relativement modérée par rapport aux enfants conçus naturellement. D’ailleurs, l’Académie Nationale de la Médecine rappelle dans son rapport que l’augmentation modérée de certains troubles viennent peut-être du fait que les chercheurs « sur-analysent » les enfants nés de FIV. De plus, on a de cesse de répéter qu’en matière de fertilité comme de santé, plusieurs facteurs entrent en compte. Les troubles observés sont-ils liés à la FIV, aux parents, à l’environnement ?  De nouvelles études devraient pouvoir répondre à l’avenir. 

En attendant, informez vos enfants sur leur mode de conception afin qu’ils puissent être plus alertes en cas d’apparition de troubles de santé à l’âge adulte et pour qu’ils puissent bénéficier d’un suivi médical mieux adapté !