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Spermogramme : Messieurs, à vos marques, prêts, récoltez !

Messieurs, c’est à votre tour de jouer ! Vous êtes sorti de votre dernier rendez-vous médical avec une prescription pour un spermogramme (ou vous vous apprêtez à faire le fameux recueil en vue d’une technique d’AMP). Seulement voilà, face au médecin, vous n’aviez peut-être pas osé poser vos questions. A priori, ce n’est pas compliqué… mais finalement, venu le moment de ce jour sacré, vous ne seriez pas contre deux ou trois précisions, histoire de faire retomber la pression…François raconte qu’il ne savait pas trop où il mettait les pieds la première fois et qu’il s’était même demandé comment il devait s’habiller ! « Quand tu rentres dans la salle de prélèvement, tout le monde sait ce que tu vas y faire. Normalement, il n’y a rien de plus simple, mais c’est quand même l’inconnu total. » Magalie Benoit, psychothérapeute et sexologue spécialiste de l’infertilité, explique que s’il n’est pas vraiment possible de se préparer, être informé permet d’être plus serein.

Nous vous proposons alors de reparler des craintes en lien avec le spermogramme, des trucs et astuces pour faire tomber la pression, et surtout, Camille Enard, technicienne de laboratoire spécialisée en spermiologie pour le laboratoire Biogroup, vous explique tout sur le spermogramme.

Même pas peur !

« Je connaissais un gars qui avait fait un spermogramme, mais on n’en a jamais parlé en détail. Au mieux, quand on en parle entre mecs, c’est sur le ton de l’humour ! ». Pourtant François, qui a monté un one man show sur son vécu de la PMA, est plutôt du genre « libéré » sur les sujets un peu gênants… Au risque de raccourcis genrés, Magalie Benoit, psychothérapeute et sexologue explique que, factuellement, les hommes ont moins tendance à se laisser aller aux confidences intimes. Il arrive qu’ils aient aussi une forme de culpabilité à se plaindre de cet acte généralement associé au plaisir, alors que madame jongle entre piqures, ponctions et effets secondaires désagréables des traitements. Pourtant, pour François comme pour beaucoup, le spermogramme n’est associé ni à un moment joyeux ni au plaisir sexuel.

D’ailleurs, c’est la représentation sexuelle que revêt le spermogramme qui inspire cette gêne. « À coup de magazines ou de films pornographiques, on fait entrer un aspect sexuel dans le médical », remarque Magalie Benoit. « C’est ce qui rend le spermogramme plus difficile psychologiquement. On fait ressortir tous les aspects de virilité et de puissance qui n’ont pas leur place dans un examen médical ». François remarque aussi cette pression à la performance. « Dans la salle d’attente, il y a tous ces mecs. Tu te regardes, tu te jauges. Et il y a cette petite course à la performance non avouée. »

Parmi les appréhensions aussi, la peur de la panne, de ne pas réussir ou d’éjaculer à côté apporte beaucoup d’anxiété chez les hommes que Magalie rencontre. Eh oui, le pot de recueil est beaucoup plus grand que la quantité nécessaire à l’examen du sperme ou même que la quantité moyenne d’éjaculat « normale » !

Non, ce n’est pas banal.

On serait tenté de vous dire que vous savez faire, que c’est simple ; mais en réalité, Magalie Benoit explique qu’« éjaculer dans un flacon, sur commande, avec un magazine ou un film que vous n’avez pas choisi, dans le stress de l’examen, ce n’est pas banal ». Cela n’a rien à voir avec une « masturbation plaisir ». Même en s’entrainant, ce ne sera jamais pareil. Il y a une pression, un challenge, le spermogramme engage beaucoup.

Alors, comment peut-on se préparer ? Pour François, « il faut s’enfermer dans sa bulle et faire abstraction au maximum de son environnement, y compris du film « maman est une cochonne » qui était mis à disposition », ironise-t-il ! Il rejoint la sexologue sur le fait qu’il faut médicaliser l’acte au maximum. D’ailleurs, les équipes médicales parleront de gamètes, pas de sperme ; de prélèvement ou de recueil, pas de masturbation ou d’érection.

Rappelons ensuite que le spermogramme est un examen médical courant et indispensable pour évaluer la fertilité d’un homme à un instant T. Il sera associé à l’analyse de la fertilité de la femme pour orienter le gynécologue dans son diagnostic d’infertilité et dans le choix de la technique à proposer. Magalie Benoit précise également que la fécondation dépend de nombreux facteurs, et pas uniquement de la qualité des spermatozoïdes. Selon les récentes études, les hommes sont impliqués dans la difficulté du couple à procréer dans 30 % à 40 % des cas d’infertilité. Peu importe le résultat, vous êtes exactement au bon endroit pour envisager toutes les solutions pour corriger ou contourner un trouble de la fertilité. De quoi rassurer aussi sur la pression ou la responsabilité que peuvent ressentir certains hommes !

Et s’il devait y avoir un dernier conseil, n’hésitez pas à poser toutes vos questions aux équipes médicales qui sauront répondre à la fois sur les aspects techniques, pratiques, émotionnels.

Tout ce qu'il faut savoir sur le spermogramme !

Camille Enard, technicienne de laboratoire spécialisée en spermiologie pour le laboratoire Biogroup, répond à nos questions.
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Qu’observe-t-on dans un spermogramme ?

Un spermogramme est une photo de la fertilité d’un homme à un instant T. L’étude de différents paramètres permettra d’orienter le gynécologue dans son diagnostic d’infertilité et dans le choix de la technique d’AMP à proposer. 

Dans le détail, on observe : 

- La mobilité des spermatozoïdes : sont-ils progressifs (ils avancent), non progressifs (tournent en rond), ou immobiles ? La valeur de référence est 32 % de progressifs.

-  La vitalité des spermatozoïdes. Combien sont vivants ? La valeur de référence est au-dessus de 54 %.

- La numération : quelle est la concentration de spermatozoïdes dans l’éjaculat.  La valeur de référence est de 15 millions de spermatozoïdes par millilitre. 

- Leur forme (qu’on appelle le spermocytogramme) : ont-ils une forme normale dite typique, ou atypique (défaut de tête, de flagelle, etc.). La valeur de référence est de 4 % de typiques.

- Le volume ou le PH de l’éjaculat.

Quelles sont les consignes en vue des prélèvements ? 

Il y a deux consignes. 

- Boire 1,5 d’eau la veille. Cela permet de « nettoyer » l’urètre en faisant disparaître les germes qui pourraient le coloniser. Ces microbes sont rarement synonymes d’infection, mais ils peuvent gêner l’analyse du sperme. 

- Respecter un délai d’abstinence avant l'examen entre 2 et 7 jours. Ce délai répond à une norme de l’Organisation Mondiale de la Santé, pour harmoniser les résultats, car le diagnostic de la fertilité de l’homme a une grande variabilité. Si elle est trop courte, le volume et la concentration de spermatozoïdes sont réduits. Au contraire si elle est trop longue, la vitalité et la mobilité des spermatozoïdes sont affectées, car les épididymes qui contiennent les spermatozoïdes ne sont jamais complètement vidés par une éjaculation. Certains spermatozoïdes subsistent depuis l’éjaculation précédente et peuvent altérer les résultats du spermogramme. 

Si vous n’avez pas respecté ce délai, il est préférable de reporter l’examen dans le cadre d’un spermogramme, car l’analyse pour le diagnostic de fertilité peut être faussée. 

Comment se déroule le recueil ?

Tous les laboratoires sont soumis aux mêmes normes de qualité. Les prélèvements doivent avoir lieu dans une salle dédiée. 

L’homme doit uriner avant, se laver les mains et les parties intimes et réaliser le prélèvement par masturbation. 

Certains laboratoires autorisent les conjointes à être présentes dans la salle de prélèvement (prélèvement par masturbation, pas de pénétration ou de sexe oral). 

Les laboratoires mettent à disposition, au choix, des films ou des magazines pornographiques pour aider à la stimulation. 

Quelle quantité d’éjaculat en millilitres est nécessaire ?

La quantité dépend du type d’examen prescrit.

Pour un spermogramme dit « simple », il faut entre 0,5 ml et 1 ml de sperme minimum.

Pour un test de migration survie, qui reproduit in vitro les étapes de sélection se produisant lors de la remontée des spermatozoïdes dans le tractus génital féminin, il faut 1 ml minimum.

Pour la spermoculture, qui est la recherche de microbes dans le sperme, il faut 1,5 ml minimum.

Dans tous les cas, rassurez-vous sur la quantité, car il s’agit plus ou moins d’une cuillère à café (5 ml). S’il n’y a pas suffisamment de matière, les biologistes prioriseront les examens et vous proposeront un recueil ultérieurement.

Que faire en cas de blocage, de panne ou d’impossibilité de se rendre au laboratoire ?

La panne arrive fréquemment. N’hésitez pas à parler avec votre équipe médicale.

Dans ce cas, il est possible de reprogrammer un spermogramme, y compris lors d’un recueil en vue d’une FIV, ou de l’organiser avec la présence de sa conjointe.

Dans des cas exceptionnels comme l’hospitalisation à domicile, par exemple, il y a la possibilité d’avoir recours au recueil à domicile. Mais cela pose tout de même un problème de maîtrise environnementale du prélèvement, de délais entre le recueil et l’analyse puis d’identitovigilance.

Comment lire les résultats ?

Des valeurs de références sont communiquées par l’OMS et présentes pour chaque paramètre du spermogramme sur les comptes rendus de laboratoire. Ces valeurs préconisent par exemple une concentration supérieure à un million de spermatozoïdes progressifs par millilitre pour une insémination artificielle. Ceci étant dit, la fécondation repose sur de nombreux paramètres, dont font aussi partie la qualité des ovocytes, la préparation de l’utérus, le développement des embryons, etc. Les chiffres ne sont donc qu’un seul des déterminants de la fertilité naturelle ou des chances de succès d’une tentative. 

Est-ce que les résultats du spermogramme varient dans le temps ?

La qualité du sperme et la production des spermatozoïdes varient ans le temps.
Chez l’homme, la production de spermatozoïdes, aussi appelée spermatogenèse, est continue de la puberté jusqu’à la fin de la vie. Dans les testicules et sous l’effet des hormones, les spermatozoïdes sont libérés dans de longs tubes appelés tubes séminifères, puis ils sont stockés dans l’épididyme. La production des spermatozoïdes se renouvelle tous les 72 jours, soit tous les 2 mois et demi. Tout évènement altérant la spermatogénèse, comme le mode de vie (tabac, cannabis, alimentation, perturbateurs endocriniens, etc.) ou une simple fièvre, aura donc un impact pendant les 72 jours qui suivent, le temps qu’une nouvelle production de spermatozoïdes se fasse.
Concernant la consommation d’alcool la vieille du recueil, elle n’aura pas d’impact direct sur le résultat.

Quels sont les délais pour avoir les résultats du spermogramme ?

L’analyse d’un spermogramme prend environ 48h pour un spermogramme avec un test de migration de survie. Il faut généralement 72h pour la spermoculture mais cela peut varier d'un laboratoire à l'autre, le délai de rendu des résultats peut parfois être plus long..

En ce qui concerne les recueils pour les FIV ou les inséminations, la préparation commence entre 30 minutes et une heure après le recueil. La préparation prend environ 2 heures à 2 h 30, et est ensuite maintenue à 37 degrés dans l’étuve en vue du transfert ou de la fécondation des ovocytes.