Surpoids Fertilité PMA

Le surpoids a-t-il un impact sur la fertilité ?

Vous êtes en surpoids et votre gynécologue vous conseille de perdre du poids avant de démarrer un protocole de FIV ?
Mais pourquoi le surpoids a-t-il un impact sur votre fertilité ?  Le Dr Charlotte Dupont, biologiste de la reproduction à l’hôpital Tenon à Paris explique. 

Et comment perdre du poids sans pression supplémentaire ? Nicolas, notre diététicien, vous donne quelques pistes pour mettre en place une alimentation équilibrée, sans prise de tête.

Le lien entre fertilité et poids

Quand Amélie a consulté la gynécologue de son centre AMP, elle ne s’attendait pas à ce que celle-ci lui parle de son surpoids. « Nous avons été orientés, mon mari et moi, vers le centre d’AMP de ma région, car après deux ans d’essais, rien n’est venu naturellement. On a donc fait des tests et il se trouve que mon mari à une OATS sévère ; de mon côté, mes cycles sont irréguliers. Nous étions tout excités de ce premier RDV avec la gynécologue du centre, car enfin on allait trouver une oreille attentive et des solutions à notre problème d’infertilité. Mais au bout de 10 minutes d’entretien, le médecin a abordé le sujet de mon surpoids. Ça a été pour moi la douche froide, car je ne m’attendais pas à ce qu’on me demande de perdre entre 15 et 20 kg avant de programmer un traitement. Il était déjà difficile de se dire que pour concevoir un enfant il nous faudrait une aide extérieure, alors faire en plus un énième régime alimentaire et attendre encore et encore m’a complètement démoralisée. » 

De nombreuses études se sont concentrées sur le lien entre poids, alimentation et fertilité.  Un changement important de poids, qu’il s’agisse d’une prise (IMC supérieur à 30) ou d’une perte de poids (IMC inférieur à 18), peut être la cause d’un trouble de la fertilité aussi bien chez l’homme que chez la femme. Le surpoids a un effet sur la production de l’hormone libératrice de Gonadotrophine (GnRH), hormone essentielle à l’ovulation, mais aussi à la production spermatique chez l’homme. 

Dans le cadre d’une Assistance Médicale à la Procréation, les traitements employés peuvent être moins efficaces et les possibilités que l’embryon s’implante avec succès peuvent se voir réduites chez les femmes en surpoids. On estime que 12% des cas d’infertilité primaire sont liés à des problèmes de surpoids. Aussi, si vous commencez une grossesse avez un IMC supérieur à 25, les risques de complications pendant la grossesse pourraient être considérablement augmentés.

 

Des mécanismes réversibles

La bonne nouvelle c’est qu’il s’agit de mécanismes réversibles. Le Dr Dupont explique que dans le cadre d’une étude conduite en 2014 par le Dr Faure, les chercheurs ont pu démontrer que parfois, de toutes petites modifications dans l’alimentation avaient permis d’améliorer la qualité spermatique, alors même que les patients n’avaient perdu qu’un peu de poids mais avaient diminué leur tour de taille et améliorer leur métabolisme. En rééquilibrant l’alimentation, en ajoutant de l’activité physique, le pari des équipes médicales est d’améliorer la fertilité. D’autres études démontrent que si votre indice de masse corporel (IMC) descend en dessous de 30, vous favorisez de 30% vos possibilités de grossesse (pour exemple : un IMC de 30 correspond à 80 kg pour 1,60 m – 90 kg pour 1,70). Pas de promesses magiques ceci dit, car la fertilité est multifactorielle et ne dépend pas uniquement de l’alimentation ou de l’hygiène de vie !

Il a fallu quelques semaines à Amélie pour trouver du courage, puis elle s’est dirigée vers un diététicien libéral qui la suit depuis près d’un an. « Depuis mon adolescence, j’ai toujours été plus ou moins en surpoids. J’ai fait pas mal de régimes, certains ont fonctionné, mais dès que j’arrêtais, je reprenais mes kilos, voire plus. L’envie d’avoir un bébé était tellement forte, que je me suis ultra-motivée et sur les conseils d’une amie, je suis allée voir un diététicien qui m’a élaboré un programme de rééquilibrage alimentaire. En quelque sorte, on peut dire que j’ai réappris à manger ! Au départ, mon diététicien ne m’a pas fixé d’objectif pour voir comment mon corps allait réagir. Sans privation, j’ai perdu un peu plus de 7kg en 3 semaines. Au fur et à mesure des rendez-vous, on s’est fixé des petits objectifs, sans pression, on a travaillé sur mes compulsions alimentaires et en 5 mois, mon objectif était atteint : -18kg ! Je suis repartie voir fièrement ma gynécologue qui m’a félicitée et nous avons pu commencer un protocole le cycle suivant. Quand nous avons commencé la FIV ICSI, j’ai continué à voir mon diététicien pour éviter que les vieux démons ne reviennent, mais aussi pour me rassurer. Résultat, je suis enceinte de 29 semaines, tout va très bien et même si ma prise de poids reste très surveillée je suis extrêmement fière d’avoir réussi à mener de front deux combats pour un si joli résultat ! »

 

Par où commencer ?

Amélie raconte et partage son point de vue. « Déjà, de ne pas essayer de faire un régime tout seul, car c’est compliqué et au final ça fonctionne rarement. On ne va pas se mentir, il y a des moments plus compliqués que d’autres, je me suis découragée plus d’une fois, car j’avais l’impression que les choses n’avançaient pas, puis le moral revient plus vite qu’on ne l’imagine, car l’envie d’avoir un enfant nous fait pousser des ailes. Je pense qu’une fois qu’on a entamé cette démarche avec un diététicien, il ne faut pas lâcher dès que l’objectif est atteint, je trouve que c’est important de se faire suivre pendant les protocoles FIV et même après lorsqu’il y a grossesse. Bon courage à toutes celles et ceux qui doivent se battre pour devenir parents. » 

 

Perdre du poids n’est pas facile, surtout sans aide extérieure. N’hésitez donc pas à faire appel à un diététicien-nutritionniste. Vous pouvez également trouver des recommandations et des recettes sur le site mangerbouger.fr.  

Pour lutter contre les compulsions alimentaires, l’aide psychologique et l’activité physique peuvent également vous aider. Finalement, il n’y a pas d’urgence plus importante pour les patients en parcours d’AMP… rééquilibrer son alimentation est un message de santé publique !