27 Mar Le syndrome de la PMA ?
M ais de quoi parle-t-on ? Ce terme vous interpelle, n’est-ce pas ? Si je vous dis que lorsque le désir d’enfant tarde à être comblé, que les échecs s’accumulent et que la PMA vient couronner le tout, bien des femmes expriment l’impression de ne plus être elles-mêmes. Elles éprouvent des sentiments nouveaux, souvent désagréables (colère, envie…) et elles en viennent même à détester les poussettes et les attributs de la grossesse chez les autres…
Cela vous parle-t-il ? Je suis certaine que beaucoup d’entre vous vivent cela sans comprendre pourquoi. Beaucoup se disent qu’elles deviennent folles, aigries et qu’elles ne s’aiment pas ainsi. Alors là, je sens que vous comprenez mieux de quoi nous allons parler… C’est ce que j’ai nommé « le syndrome de la PMA » ! Autrement dit, dans cet immense désir d’enfant, ce sont des ressentis et des modifications psychiques qui sont directement liés à l’attente et à la répétition d’échecs. Mais est-ce que toutes les femmes sont concernées ? Que se passe-t-il psychologiquement ? Est-ce normal ?
Et s’il existait un syndrome psychologique de l’attente de la maternité,
dit syndrome de la PMA ?
Impossible de dire à quel moment de votre parcours ce syndrome peut s’exprimer. Mais il est certain que, dans 90 % des cas, un effet psychologique va modifier votre perception et votre ressenti. Lorsque le désir d’enfant devient actif, c’est-à-dire que vous décidez d’essayer d’avoir un enfant, votre psychisme va peu à peu évoluer !
En subissant des échecs à répétition, ce désir qui occupe une partie de votre vie au même titre que votre vie amoureuse, professionnelle, amicale ou encore familiale, va se modifier. Attention, il est important de noter que les échecs débutent dès que les règles arrivent, marquant la fin d’un cycle et le constat d’une non-grossesse. Le désespoir de cet échec est vite balayé par le début d’un nouveau cycle offrant tous les espoirs d’une potentielle grossesse. C’est donc le début des montagnes russes émotionnelles.
L’entrée en PMA : début d’une dualité émotionnelle !
Mais lorsque le schéma se reproduit et que l’aide à la procréation est proposée au couple, une dualité émotionnelle va alors s’instaurer. Dualité dans laquelle l’espoir d’y arriver avec l’aide de la médecine cohabite avec le deuil de « l’enfant sous la couette ».
Cette dualité va alors, de manière progressive, s’installer et finir par prendre de plus en plus de place et occuper toute votre vie.
Ce désir d’enfant qui n’était qu’un simple pan de votre vie va alors empiéter sur tous les autres et ainsi faire ombrage à la manière dont vous appréhenderez les choses.
Pour exemple, votre vie professionnelle aura moins d’attrait et votre investissement pourra diminuer au profit de cet enfant à venir. À quoi bon changer d’entreprise ou d’objectifs professionnels, si l’avenir est incertain et que faire un enfant est devenu votre priorité ?
Côté vie amoureuse, la sexualité n’est plus au cœur du couple, car inutile pour procréer. Et les discussions du couple portent sur la potentielle grossesse ou sur les difficultés à avoir cet enfant mettant en sourdine les autres projets du couple.
Autre exemple, dans vos relations amicales, les grossesses de vos amies ou leur vie familiale deviennent pesantes et vous renvoient avec souffrance à vos propres échecs, instaurant petit à petit un isolement social !
Quelles sont les modifications que je peux ressentir ?
Le temps qui passe, les échecs qui s’accumulent, cet isolement des autres souhaité ou imposé vont créer des émotions ou ressentis nouveaux.
La colère est sans doute le sentiment le plus fortement ressenti dans ce parcours. Colère contre soi (parce qu’on n’y arrive pas), colère contre les autres (car eux y arrivent malgré, parfois, leurs difficultés de couples, ou leurs désirs en dilettante).
L’envie et la jalousie font également partie des sentiments les plus présents. Vouloir être comme les autres nourrit ces deux sentiments.
La honte peut, là encore, être présente. La honte de ne pas réussir là où d’autres y arrivent dans un domaine où il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme ou un certain niveau social ou intellectuel ! Honte de ne pas réussir à faire une chose aussi simple…
Ces sentiments nouveaux, qui se développent et deviennent un moteur au quotidien, vont avoir une incidence sur deux choses importantes dans notre construction : La confiance et l’estime de soi.
Ces deux piliers étant moins solides, c’est l’entièreté de vos vies qui peuvent être ébranlées, créant des doutes sur vos différents projets. Puisque vous n’arrivez pas à faire un enfant, chose qui semble si simple, vos doutes iront jusqu’à remettre en question votre capacité à réaliser des actes du quotidien, relever des challenges professionnels faisant naître une forme de procrastination, non pas par « flemme », mais par peur de subir un échec supplémentaire.
Notons ce point positif, ces changements émotionnels viennent malgré tout renforcer des aspects de votre caractère comme la ténacité ou encore la capacité à rebondir !
Comment faire pour survivre à ces changements ?
Ces changements vont être plus ou moins présents dans votre vie. Cela dépend de votre caractère, de votre histoire ou encore du passif de chacun. Mais il est sûr que des choses sont essentielles à mettre en place :
• il est assez important de pouvoir être accompagné lors de ce chemin. Cette aide extérieure va permettre de déposer ses ressentis, tout en préservant la santé du couple. Il faut choisir cette aide par rapport à votre besoin. Cela peut être une aide psychologique ou plus axée sur le corps (acupuncture, ostéo…), l’expression artistique ou encore par le sport. Il faut trouver son lieu de ressourcement et d’expression.
• il est également essentiel d’essayer de préserver des projets hors de la maternité pour venir renforcer sa confiance en soi. De mettre en mouvement sa vie dans un moment où tout est entre parenthèses ! Car si l’enfant tarde à venir ou ne vient pas il est essentiel de pouvoir être fière de soi pour supporter les échecs.
• Et enfin, il est essentiel de préserver son couple, en lui accordant des temps sans l’enfant comme discussion centrale. De préserver la complicité et la communication pour ne pas mettre en péril la relation.
Ces changements sont indépendants de votre volonté, ils s’imposent à vous. Soyez indulgents avec vous et acceptez de vivre ces moments difficiles émotionnellement. La douleur qui est ressentie est légitime, elle est incompréhensible pour bien des personnes qui ne l’ont pas vécue. Il ne sert à rien de vouloir être toujours positif, cela ne donnera pas de meilleurs résultats. Mais accepter ce que vous vivez, c’est déjà une victoire sur vous-même. Le chemin de la PMA est long et douloureux, mais il est aussi initiatique. Alors, laissez craquer parfois, pour créer une soupape, accepter la joie quand elle se présente à vous.