Paillettes Magazine avenir | vouloir un enfant | enfant

Le syndrome de la PMA chez les hommes ?

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Par Déborah Schouhmann-Antonio

Psychothérapeute à Paris, Spécialiste de l’infertilité et de la maternité. @deborah_schouhmann_antonio

L e mois dernier, nous avons abordé le Syndrome de la PMA chez les femmes… en toute logique, nous allons cette fois-ci parler des hommes ! Les derniers chiffres sur l’évolution de l’infertilité masculine mondiale nous montrent à quel point les données sont alarmantes : perte de la qualité et de la quantité spermatique pour l’ensemble du globe !

Aujourd’hui, cette évolution se ressent aussi dans les consultations en PMA où les causes d’infertilité sont tout autant féminines que masculines ! Mais comment les hommes vivent-ils cette infertilité à titre personnel et dans leur couple ? C’est ce que nous allons explorer dans cet article.

Des hommes en questionnement ! 

L’annonce de résultats négatifs aux tests est un véritable choc pour un homme. Il est important de mettre en perspective les croyances ou images liées aux hommes et à leur fertilité. 

Dans bien des cultures, la fertilité est un signe de virilité. Dans les médias français, les hommes célèbres ayant eu des enfants tardivement, comme Serge Gainsbourg (père à 58 ans), Nicolas Sarkozy (père à 56 ans) ou encore Louis Bertignac (père à 62 ans), confortent l’idée collective que les hommes, eux, peuvent faire des enfants à tous âges. D’ailleurs, le fait que les hommes deviennent pères tardivement est souvent un « non-sujet ». 

Ces idées reçues donnent aux hommes l’impression de virilité et de toute-puissance sexuelle. Mais ces exemples sont finalement peu fréquents même s’ils marquent les esprits. 

Les hommes infertiles vivent ce diagnostic comme une remise en cause personnelle, un coup de poignard non seulement à leur virilité, mais également à leur égo. 

Ils ont la sensation non seulement d’être la source du problème du couple, mais aussi de générer des complexités et des lourdeurs pour leurs compagnes. En effet, seules les femmes peuvent prendre des traitements de fertilité et les hommes se sentent bien démunis à l’idée de faire porter ce lourd fardeau uniquement à leurs seuls partenaires qui, peut-être sans eux, auraient pu procréer sans recours à la médicalisation.

Le ressenti des hommes infertiles

Lors des consultations, les hommes infertiles expriment donc une incapacité et une inutilité à vivre en couple et à rendre heureuses leurs compagnes. Ils se sentent coupables des échecs, mais souvent leurs difficultés à s’exprimer les empêchent de verbaliser leurs ressentis.

Cette culpabilité est parfois si lourde, que certains hommes acceptent d’être malmenés verbalement, voire dans les cas extrêmes, physiquement par leurs conjointes, acceptant de payer le prix fort de cette infertilité !

Les examens peuvent également être une épreuve pour les hommes qui n’ont pas pour habitude d’exposer leur intimité aux professionnels de santé. Certes, les femmes en font bien plus, mais le manque d’habitude de rencontres médicales peut être un frein.

La confiance en soi et l’estime de soi sont donc, comme chez les femmes, deux items qui vont être ébranlés et remis en cause. Ce qui amène les hommes à être parfois dans le silence, soit par peur de dire des choses inappropriées en rapport au désir d’enfant, soit parce qu’ils sont dans le déni pour mettre à distance ce sujet de souffrance.

Le ressenti des hommes fertiles dans le cadre d’une PMA

Autre cas de figure, l’homme n’est pas la source des difficultés du couple pour procréer. Difficile pour lui parfois de trouver la place idéale dans ce parcours. Suis-je légitime pour avoir un avis sur un sujet plutôt féminin ? Comment puis-je trouver ma place entre les médecins et ma femme ? Puis-je vraiment parler de mes angoisses ou de ma douleur quand c’est ma compagne qui souffre le plus ? Voilà quelques-unes des questions qui reviennent souvent en consultation !

Quelle place prendre dans ce trio ?

Les hommes se sentent souvent démunis face à la douleur de celle qu’ils aiment. Ils se voient aussi reléguer par beaucoup de médecins au rôle « d’étalon » plutôt que de futur père. Alors, comment être utile et efficace dans ce parcours ?

Certains hommes dépassés par la dureté des échecs et la pauvreté de leur vie de couple s’enferment inconsciemment dans une hyper activité professionnelle ou une hyper activité ludique hors du domicile ce qui renvoie aux femmes l’idée d’un « je-m’en-foutisme masculin »  !

Ce qu’il faut retenir…

Le fait d’exprimer ses difficultés et ses ressentis est déjà un pas vers l’autre. Pour certain, l’échange thérapeutique permet de poser des mots et ainsi d’expliciter à son partenaire ses émotions. Il lève les doutes et les appréhensions !

Ensuite, le travail thérapeutique peut aussi aider à retrouver une intimité progressive dans le couple, en permettant à chacun des membres du couple de prendre sa place au sein de cette relation en ayant pleinement conscience des retenues ou des angoisses de chacun.

Enfin, construire ensemble le parcours en déterminant les besoins de chacun, c’est une manière de pouvoir se respecter et être entendus. Ainsi, notifier ses attentes, c’est donner les clés à l’autre, car personne n’a la science infuse ou ne peut lire dans l’esprit de l’autre. Pour être juste, il faut parler de ses besoins et de ses limites.

Il n’y a pas de normalité dans l’intimité du couple. Il faut en revanche que les membres de ce couple se sentent entendus, compris et en confiance pour s’épanouir et avancer ensemble !