Paillettes Magazine signes de grossesse | symptothermie | symptômes

Les signes annonciateurs d’une grossesse, ça existe ?

Paillettes Magazine signes de grossesse | symptothermie | symptômes

Experts  :  Dr Maëliss Peigné
Médecin de la reproduction
 Laurène Sindicic
Naturopathe spécialisée en fertilité : emancipees.com 

Alors que vous courez sans cesse contre la montre depuis de début de votre projet bébé, jonglant avec des rendez-vous médicaux tous les deux ou trois jours, soudainement, le temps se suspend. Plus de rendez-vous dans votre centre. Plus d’échographies, de prises de sang, d’injections. Et voici les 14 (10 si vous avez eu un transfert d’embryon J5) jours les plus longs du parcours. Ceux où vous attendez, entre espoir et désillusion, à l’affut du moindre signe pour interpréter une éventuelle grossesse. Mais alors si votre 6e sens est en panne, est-ce qu’il est vraiment possible de savoir avant la prise de sang, si, oui ou non, vous êtes enceinte ? Syndromes prémenstruels, effets secondaires des traitements de la fertilité, quels sont les signes qui peuvent être révélateurs ? Le Dr Maëliss Peigné, gynécologue et médecin de la reproduction, unité d’AMP Jean Verdier à Bondy et Laurène Sindicic, naturopathe spécialisée en observation du cycle et symptothermie démêlent le vrai du faux !

Quels sont les symptômes qui peuvent annoncer une éventuelle grossesse ?

On ne vous apprendra rien, attendre 14 jours pour faire une prise de sang (ou un retard de règles) est évidemment le moyen le plus sûr de confirmer ou non une grossesse. Mais, nous savons qu’il n’est pas toujours simple d’attendre patiemment…

Les symptômes fréquemment décrits, plus ou moins discrets, sont des tensions au niveau des seins, des nausées, des tiraillements dans le bas du ventre, de la fatigue, une hypersensibilité et en haut de la liste, un retard de règles.

Celles qui suivent leur cycle au quotidien (et avec rigueur) pourront observer d’autres changements au niveau de la glaire cervicale (pertes blanches) ou de la courbe de température.

 

En effet, en symptothermie, on peut parfois également observer un décrochage de température en cas de grossesse. En général, la température d’une femme se situe autour de 36°C-36.5°C pendant la première partie du cycle. Elle augmente de 0.3 à 0.5°C environ après l’ovulation (sous l’action de la progestérone) et se maintient à ce niveau jusqu’à quelques jours avant les règles. Si vous êtes enceinte, votre température reste haute sous l’action de la progestérone sécrétée par le corps jaune de grossesse, donc la courbe ne chute pas. Attention toutefois aux femmes qui prennent de la progestérone en supplémentation, qui peut fausser ces observations en maintenant artificiellement la température haute.

D’ où viennent ces symptômes ou signes annonciateurs ?

La plupart des signes annonciateurs de grossesse sont en réalité la manifestation de la présence de l’hormone beta hCG, qui permet de maintenir le corps jaune et donc la progestérone. La progestérone est sécrétée pendant la deuxième phase du cycle menstruel et pendant la grossesse. Juste après l’ovulation, le follicule qui contenait l’ovocyte se transforme en « corps jaune » et c’est cette transformation qui fait que les cellules du follicule se mettent à produire la progestérone, en plus de l’estradiol qu’elles produisaient dans la première partie du cycle. 

Quand les premiers signes et symptômes de la grossesse apparaissent-ils ?

S’il y a bien implantation de l’embryon, elle aura lieu 7 jours après date d’ovulation (ou 2 jours après le transfert d’un blastocyste et 4 jours après le transfert d’un embryon J3). C’est à ce moment que peuvent apparaitre les premiers symptômes. Chez certaines femmes, ils apparaissent dans les premières semaines après la conception tandis que, chez d’autres, ils n’apparaissent qu’après plusieurs semaines de grossesse.

 

Est-ce que toutes les femmes présentent des symptômes de grossesse dès les premiers jours ?

Non, certaines femmes ne présentent pas de symptôme, même si la grossesse évolue très bien.

Attention, à l’inverse, il arrive (dans de rares cas) qu’un dérèglement hormonal provoque la transformation d’un follicule ou d’un corps jaune en kyste. Dans ce cas-là les fameux symptômes annonciateurs de grossesse peuvent apparaitre, sans être en lien avec l’implantation d’un embryon.

Comment faire la différence avec le syndrome prémenstruel ?

Les symptômes annonciateurs de grossesse ressemblent beaucoup à ceux du syndrome prémenstruel qui annonce, lui, l’arrivée des règles.

Il n’est pas possible de faire la différence à coup sûr. Ce qui peut vous mettre la puce à l’oreille, c’est si vous observiez une récurrence des mêmes symptômes à travers plusieurs cycles et que soudainement vous observez des modifications. Attention, cela nécessite encore une fois une observation rigoureuse et sur le long terme de son cycle.

Sachez aussi que le syndrome prémenstruel peut apparaitre avec le temps, et que le cycle se modifie avec l’âge.

signes annonciateurs de grossesse Comment faire la différence avec les effets secondaires des traitements de PMA ?

Les traitements de fertilité vont entrainer une perturbation des sécrétions de FSH et LH qui sont indispensables à une bonne production de progestérone. Un traitement de supplémentation par progestérone est donc quasiment systématiquement proposé après une stimulation de l’ovulation.

La progestérone, par voie vaginale, sous-cutanée ou orale, diffuse dans l’ensemble du corps et va agir sur différents tissus du corps entrainant donc une augmentation de température, des tensions des seins parfois, des symptômes qui peuvent être pris pour des signes annonciateurs de grossesse.

De plus, si la supplémentation est adaptée elle va se poursuivre jusqu’au test de grossesse et peut entrainer un retard des règles.

D’ailleurs, lorsque vous êtes en protocole d’AMP et en cas d’échec, il est très important de communiquer avec votre médecin la date d’arrivée de vos règles. Si elles sont arrivées un peu avant la date du test, il se pourrait que la supplémentation en progestérone n’ait pas été assez forte.

A partir de quand peut-on réaliser un test de grossesse ?

Dans le cadre d’un parcours d’AMP, votre centre vous communiquera une date de test pour la prise de sang, généralement 14 jours après la date de l’ovulation (la date d’ovulation correspond au jour de la ponction, ou au surlendemain du déclenchement de l’ovulation). A ce moment, le taux d’HCG est généralement supérieur à 100.

Les tests urinaires vendus dans le commerce ou en pharmacie détectent des taux d’HCG de l’ordre de 30 ou 40 unités. Cela veut donc dire que le test urinaire peut être positif un jour avant la prise de sang ou le retard de règles.


Attention en revanche si vous faites le test trop tôt et que vous avez eu un déclenchement de l’ovulation avec de l’Ovitrelle®. L’Ovitrelle® est un analogue de l’HCG et elle perdure en général 8 jours. Votre test sera positif mais il peut seulement s’agir de l’Ovitrelle et pas d’un début de grossesse.

Est-ce qu’on peut saigner et être enceinte ? Qu’est-ce que sont les « règles anniversaire » ?

Les saignements, généralement peu abondants, sont fréquents durant le premier trimestre de grossesse et souvent sans gravité. On parle en revanche de règles anniversaire pour désigner les saignements qui peuvent arriver pendant la grossesse à la date théorique des règles. C’est en réalité un phénomène très peu fréquent. Certains cas ont été décrits, surtout dans le contexte d’un déni de grossesse, mais aujourd’hui on ne parvient pas encore à l’expliquer.

Est-ce qu’observer mon cycle ou pratiquer la symptothermie peut être utile en parcours d’AMP ?

L’un n’empêche pas l’autre. La symptothermie n’est pas simplement « un truc » pour rassurer les femmes qui ont besoin de contrôle. C’est une clé de lecture en plus pour mieux comprendre son corps et observer dans son corps ce que les médecins de fertilité monitorent avec l’échographie ou les prises de sang.

La symptothermie ne va pas changer la prise en charge en AMP, mais peut donner des éléments d’orientation au moment du diagnostic (durée des cycles, ovulation ou non) ou en cas d’échec.

Attention néanmoins, les femmes qui pratiquent la symptothermie et l’observation du cycle doivent avoir une grande rigueur dans l’écoute de leur corps, la prise de température, etc. Observer son corps permet de se réapproprier son corps, d’essayer de mieux le comprendre, mais parfois, en cherchant spécifiquement des symptômes annonciateurs de grossesse par exemple on peut surinterpréter des signes. Attention donc aux fausses joies !