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01 Nov Et ma sexualité, on en parle ?
Par Chloé Loiacono
Sexologue
www.lesconseilssexo.com
Les traitements de fertilité impliquent-ils des contraintes d’un point de vue des rapports sexuels ?
C.L. : Dépendant de la technique d’AMP que l’on vous proposera, les rapports peuvent être libres, recommandés ou au contraire proscrits. Lors d’une stimulation simple par exemple, les rapports sont programmés autour de l’ovulation. Avant un recueil de sperme, un délai d’abstinence est souhaité. Parfois, les rapports sont compliqués par des douleurs ou une gêne lors de la phase de stimulation ou après une ponction. Puis, les traitements, qui sont des traitements hormonaux, vont forcément avoir un impact sur la « libido hormonale ». Les œstrogènes augmentent la libido, tandis que la progestérone la diminue. Donc oui, les traitements de fertilité peuvent impliquer – de manière non systématique, heureusement – des contraintes dans la vie sexuelle. Ce qui ne veut pas dire non plus, qu’on ne peut pas travailler l’érotisme dans le couple autrement !Comment faire lorsque les rapports sont inconfortables chez la femme (gêne abdominale, gonflements, mycoses) ?
C.L. : La dyspareunie, c’est-à-dire le fait d’avoir des douleurs pendant les rapports, n’est pas normale. La première chose à faire donc, c’est d’en parler. A votre équipe médicale, à votre partenaire, à un psychologue/sexologue.
Les équipes médicales pourront chercher d’où viennent ces douleurs dans un premier temps. Est-ce en lien avec une endométriose ? En lien avec une neuro-sensibilité ? Une infection ?
Dépendamment du type de douleur une prise en charge médicale pourra être proposée pour diminuer les douleurs : traitement médicamenteux, chirurgie, thérapie manuelle de kinésithérapie, ostéopathie, suivi en nutrition, suivi sexologue.
Que faire en cas de difficultés d’érection et/ou d’éjaculation ?
C.L. : S’il s’agit d’une panne lors d’un recueil de sperme, sachez d’abord que c’est très fréquent. Parlez-en à l’équipe médicale car il est possible d’organiser des recueils à domicile par exemple.
S’il s’agit d’une baisse d’érection pendant un câlin, détendez-vous ! Lors de l’érection il y a toujours des variations de dureté. Plus le rapport dure, plus la variation est normale. Souvent les pannes arrivent lorsque la dureté est moins forte ce qui génère un stress. Dans ce cas, vous pouvez continuer à faire l’amour, l’érection peut revenir ! C’est une question physiologique.
Enfin, procréer fait appel à la virilité et à la féminité. Lorsque l’infertilité est à l’origine de l’homme, elle peut générer des difficultés d’éjaculation. Dans ce cas, il faut déconstruire les croyances de virilité en lien avec la procréation. N’hésitez pas à consulter un psychologue.
S’il y a une perte de libido, que faire ?
C.L. : Le plus important ici c’est d’en parler et de l’évoquer dans le couple. En parler permet de mettre les choses à plat, de faire tomber la pression et d’éviter de se renfermer.
Le fait de partager l’intimité permet de maintenir une complicité, même sans sexualité pure. Par la communication, vous recréez des ponts entre vous.
Il est toujours possible d’imaginer d’autres moments à deux.
Quel conseil pour parler de sexe dans le couple sans gêne ?
C.L. : Décomplexez ! Le sexe fait appel à l’éducation, la culture, la religion. Il est donc fréquent que ce soit un sujet tabou. Pourtant faire l’amour est quelque chose d’humain et tout le monde le fait. Il faut être à l’aise avec l’idée.
L’Homme fait l’amour par plaisir et non pas que pour procréer (nous sommes d’ailleurs les seuls mammifères à agir ainsi !). C’est une manière à nous, humain, de s’aimer.
Quels conseils pratiques pour accompagner les couples lorsqu’ils « doivent » avoir des rapports dans le cadre du protocole ?
C.L. : En général, le couple a la date un peu en avant, donc, laissez infuser l’information et imaginez un rendez-vous coquin, tel jour, à telle heure. Essayez d’organiser quelque chose de différent si possible, hors du quotidien et de la maison par exemple.
Au strict opposé, lorsqu’organiser quelque chose de particulier n’est pas possible, faites-le mécaniquement, et dites-vous que les autres rapports vous appartiennent et ne sont qu’à vous, qu’à votre couple.
Au contraire, quel conseil donner lorsque les rapports sont proscrits ?
C.L. : Peu d’hommes sont capable d’avoir des orgasmes sans éjaculer, ce qui demande un grand contrôle. Cependant, il est toujours possible de faire appel à l’érotisme et de pratiquer un sexe sans pénétration.
C’est aussi peut-être l’occasion d’accepter de faire plus plaisir à l’autre !
