traitement hormonal et cancer, y a t il un sur-risque

Traitement hormonal et cancer : y a-t-il un sur-risque ?

Vous êtes-vous déjà demandé si les traitements utilisés pour la stimulation ovarienne pouvaient être néfastes pour votre santé ?  Souvent, « cancer » et « traitement hormonal » sont associés, mais qu’en est-il réellement ? Est-ce que la recherche s’y intéresse ? A-t-on suffisamment de recul sur les techniques d’AMP pour affirmer quelque chose ?

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Cancer et traitement hormonaux : légende ou réalité ?

En 2013, une étude nommée OMÉGA(1) qui portait sur le cancer du sein, mais aussi sur celui de l’ovaire et du col de l’utérus (dits « hormonosensibles », c’est à dire que la croissance de leurs cellules est sensible aux hormones) a été initiée en réponse à une autre étude américaine du début des années 1990 qui mentionnait un taux plus élevé de cancers de l’ovaire chez les femmes ayant reçu un traitement de fertilité. 

 

Deux facteurs sur le banc des accusés dans les années 1990 : les traitements hormonaux utilisés pour la stimulation ovarienne et les ponctions répétées au niveau des ovaires. L’étude Oméga a aujourd’hui  remis en question ce postulat, car son suivi dans le temps était trop limité pour que les résultats soient représentatifs.

Pour en avoir le cœur net et mettre fin au débat, les Pays-Bas ont lancé une vaste étude en accord avec les douze centres hollandais d’Aide Médicale à la Reproduction. Entre 1980 et 1995, toutes les femmes hollandaises qui ont bénéficié d’un traitement pour une fécondation in vitro ont dû donner leur consentement pour que des données médicales (type de traitement, protocole, type d’infertilité…) soient recueillies. Dès qu’un cancer est diagnostiqué chez une femme, on regarde si celle-ci a préalablement reçu un traitement hormonal dans le cadre d’une AMP.

 

Les chercheurs de l’Institut néerlandais du cancer à Amsterdam ont ainsi suivi un peu plus de 25 000 femmes âgées de 33 ans en moyenne lorsqu’elles ont débuté un traitement hormonal et à qui il aura fallu 3 cycles de FIV en moyenne pour obtenir une grossesse.

Après 20 ans de collecte et d’analyses, parmi ces 25 000 femmes, dont l’âge à la fin du suivi était de 53 ans, on a relevé 948 cas de cancer du sein. Ces chiffres sont rassurants, car ils sont très proches de ceux de la population générale.

 

 

Peu de cas de cancer du sein et de l’utérus

En marge de cette étude néerlandaise, une large étude britannique menée par une équipe de l’University College London Hospital a identifié toutes les femmes qui ont eu recours à une AMP en Grande-Bretagne entre 1991 et 2010 ce qui représente cette fois 255 786 femmes. Dans ce panel, les causes d’infertilité étaient d’abord dues à des facteurs féminins, 111 658 femmes (44 %) étaient atteintes d’endométriose. Pour 19 % soit 47 757 femmes, la cause d’infertilité était inexpliquée et enfin pour 84 871 cas (33 %), l’infertilité était due à des facteurs masculins (faible nombre de spermatozoïdes).

Les résultats publiés comparent ces données aux registres nationaux et les chercheurs n’ont trouvé aucun risque accru de cancer du sein ou de l’utérus lié directement aux traitements utilisés en AMP par rapport à la population générale.

Cependant, au cours de cette même étude et en poussant davantage les investigations, il a été démontré que les patientes souffrant d’endométriose et ayant eu recours à des FIV avaient développé plus de cancers de l’endomètre et des ovaires (risque de 5 cas pour 100 000 personnes par an). Cette explication ne résiderait pas dans les traitements hormonaux, mais davantage à la pathologie elle-même.

Plus récemment et au sujet du cancer de l’ovaire, les Néerlandais concluaient dans une étude en 2021 que l’augmentation du risque de cancer de l’ovaire chez les femmes en parcours d’AMP par rapport à la population générale s’explique probablement par la nulliparité, c’est à dire par le fait de ne pas avoir eu de grossesse plutôt que par le traitement en lui-même. 

 

Si l’on peut dire aujourd’hui que le risque de déclarer un cancer de sein, du col de l’utérus ou de l’ovaire n’est pas plus élevé que pour une femme ayant eu recours à l’AMP, vous vous demander peut-être encore si l’on a suffisamment de recul pour l’affirmer ? Pour les chercheurs en oncologie, la réponse est claire : un suivi de 20 ans est déjà un très bon indicateur. Les études sont très rassurantes pour les personnes qui envisagent une technique de procréation médicalement assistée.

 

(1) Groupe d’études -Département de Gynécologie Obstétrique Centre Médical ERASMUS – ROTTERDAM – et Département d’Épidémiologie de l’Institut du Cancer des Pays-Bas – AMSTERDAM