Samia Orosemane PMA

Samia Orosemane : Rire d’un sujet qui fait pleurer d’habitude

Rencontre avec la pétillante Samia Orosemane, humoriste française, en tournée avec son nouveau One-Women-Show  « Je suis une bouffonne », dans lequel elle raconte entre rire et larme son désir d’enfant et son parcours d’AMP. Un spectacle drôle et léger, mais avant tout, un beau moment d’humanité comme elle aime le décrire, pour rapprocher ceux qui galèrent à devenir parents et ceux qui ne comprennent pas toujours ce qui se joue dans ces parcours !

P. : Pourquoi avez-vous choisi de faire un spectacle sur l’AMP ?

Samia Orosemane : C’est important que les langues se délient aujourd’hui sur le sujet de l’infertilité qui touche beaucoup de gens, partout dans le monde ! Et j’insiste sur le partout dans le monde. J’ai joué mon spectacle en Afrique. Il y a ce cliché à la peau dure, comme quoi l’Africain n’a pas de problème pour faire des enfants…et bien c’est faux ! La PMA est une option partout !

P. : Pourquoi pensez-vous que l’humour est un bon moyen de parler de ce sujet ?

Samia Orosemane : Faire rire sur ce sujet qui fait pleurer d’habitude, c’est un challenge. Mais ça en vaut la peine ! Cette histoire, c’est évidemment la mienne et celle de mon mari. Dans ce parcours de PMA, je suis parfois tellement désespérée que, la seule manière de sortir de cette douleur, c’est de rire. Alors, j’ai fait comme pour mes autres spectacles, j’ai pris de la distance sur ce sur j’ai vécu de douloureux pour en rire et faire rire avec ! Je me rends compte que ça me fait du bien à moi et à ceux qui l’ont vécu.

P. : De quoi vouliez-vous parler spécifiquement avec le spectacle ?

Samia Orosemane : J’avais des choses à dénoncer. Je voulais parler du cruel manque d’empathie dont peuvent faire preuve vos proches, mais aussi les équipes médicales. Dans le spectacle, je raconte par exemple l’anecdote de ce médecin qui a choisi le moment de mon transfert pour me dire que le problème de ma fertilité était surement ma surcharge pondérale, et que même si ce transfert fonctionnait je risquais de faire une fausse couche à cause du surpoids ! Pour elle, il ne s’agissait que d’une vérité crue. Mais pour moi, bourrée aux hormones, après autant de sacrifices, c’était trop à encaisser.

 

 Je raconte que j’aurais pu la suivre dans une ruelle sombre le soir… mais sur le coup, je n’ai rien dit. Dans mon spectacle, je parle aussi de tous ces gens qui donnent des conseils non sollicités, qui ont des propos maladroits, blessants… parce qu’ils ne comprennent pas.

P. : Selon vous, quel est votre rôle en tant qu’humouriste justement à ce sujet ?
Samia Orosemane : Souvent, notre éducation, notre vulnérabilité fait qu’on n’arrive pas à dénoncer haut et fort ces injustices et ces violences. Mais moi, en tant qu’artiste, je peux le faire, sur scène et en faisant rire pour ne froisser personne. Je peux être ce pont entre les gens : entre ceux qui ont galéré ou qui galèrent encore et ceux qui ne comprennent pas en se permettant des réflexions sans se rendre compte qu’elles sont blessantes. Et mon public se retrouve rempli d’empathie. Ça leur permet de mieux comprendre ce qui se passe dans nos têtes, nos attentes, nos espoirs, nos peurs, nos joies, nos peines… pour apaiser ceux qui l’ont vécu, et expliquer aux autres comment mieux se comporter. Ce n’est pas toujours facile d’exposer l’intime, mais, en racontant mon histoire, je fais prendre conscience du parcours de combattant qu’est la PMA.
P. : Quel est l’accueil du public ?

Samia Orosemane : J’ai toujours eu un super accueil. Les gens me remercient de parler de ce sujet. Les langues se délient. C’est comme si je disais haut et fort que j’avais des cafards partout dans ma maison. Il y a quelque chose de honteux qui devient banal.

À la fin du spectacle, les gens prennent le temps de venir me parler, on se fait des câlins… c’est un vrai moment de sororité, un beau moment d’humanité. Il y a même des gens qui m’ont dit que le spectacle devrait être remboursé par la sécu, tellement il fait du bien !

P. : Le commentaire qui vous touche le plus sur le sujet ?

Samia Orosemane : « Merci d’avoir réussi à me faire rire d’un sujet qui me fait pleurer et merci de faire que les gens se rendent compte de leur maladresse ».

P. : Un message pour les personnes en parcours d’AMP qui vous lisent sur Paillettes ?

Samia Orosemane : Je vous souhaite de rester rempli(e) d’amour, que ça marche ou pas. Je crois qu’il ne faut jamais oublier que ce qui motive au départ cette aventure, c’est l’amour. Dans la dureté du parcours, on oublie parfois cet amour et cette bienveillance… mais il n’y a plus d’intérêt s’il n’y a plus d’amour.

Samia Orosemane PMAPour tous ceux qui n’ont pas encore vu le spectacle, rendez-vous sur le compte InstagramFacebook ou Tiktok de Samia pour retrouver toutes ses prochaines dates. La tournée commence en France et se poursuivra en 2023 et 2024 !