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Spéciale Saint-Valentin : La belle histoire de Marjorie & Romain

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A l’occasion de la Saint-Valentin, Marjorie et Romain racontent à deux voix comment, de leur histoire d’amour fusionnelle, est née la petite Maë, au détour d’une aventure PMA qui a bousculé leur plan de vie pour en faire un couple encore plus fort.

Marjorie se souvient… 

À l’époque, je sortais beaucoup avec mes copines, je profitais de la vie et je ne voulais surtout pas me mettre en couple. J’allais souvent dans un bar où Romain travaillait. On avait sympathisé, mais rien de plus.

Un soir, alors que je vivais un deuil familial, mes copines m’avaient trainée dans ce fameux bar. Peut-être a-t-il senti que je n’allais pas bien, le lendemain Romain m’ajoute sur Instagram. Et alors que j’étais partie dans le sud pour les obsèques, on échange. Dans cette semaine sombre, Romain est mon rayon de soleil. 

Lorsque je rentre à Bordeaux, on décide de se voir. Je suis claire : je ne veux rien de sérieux pour l’instant. Au bout d’un mois, on se disait « Je t’aime ». 

Romain poursuit…

Romain poursuit…

Et, le confinement est passé par là. On fait quoi ? J’ai pris mes affaires et je suis allé m’installer chez elle, avec ma fille Mina. On s’est confiné ensemble et finalement on ne s’est jamais déconfiné ! Je me souviens du confinement comme de l’une des plus belles périodes de ma vie. Je travaillais dans la restauration depuis de nombreuses années, et là, dans cet espace-temps en pause, j’avais le temps de vivre. J’étais libéré. 

Les sentiments sont très vite venus. On est de suite devenu très fusionnel, on aimait passer du temps ensemble. 

Et si j’arrêtais ma pilule ?

Un jour, elle m’a dit assez naturellement « Et si j’arrêtais ma pilule ? ». On en avait parlé depuis le début de notre relation. Elle savait que j’étais déjà papa et c’était important pour elle qu’on soit alignés. On était déjà sûr de notre couple, alors on s’est lancé, sans pression. C’était le mois de mai.

J’avais 32 ans. Être maman était une évidence pour moi. J’étais belle-maman avant même d’être maman. Je rêvais de ce lien maternel. Et puis, c’est vrai après tout, « imagine si ça ne marche pas tout de suite ! » J’avais une amie qui vivait un parcours de PMA et on savait qu’à nos âges, il pouvait y avoir des difficultés. Ma propre mère m’avait eu à 35 ans. C’était tard pour ma génération. J’avais souffert, enfant, d’avoir la maman la plus âgée. C’est vrai qu’aujourd’hui les mœurs ont changé, mais je ne voulais pas trop tarder !

Au début, je ne calculais rien, je ne regardais pas mes cycles. Au bout de 6 mois d’essais, je suis allée voir ma gynécologue. Elle m’explique à ce moment-là que si en janvier je n’étais pas enceinte, il faudrait faire des examens plus poussés. Pour elle, ça supposait qu’il y ait un problème. Un problème ? Je ne comprenais pas la pression qu’elle me mettait. Pour moi, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter avant un voire deux ans !

Tous les mois, je pleure.

Quand le mois de janvier est arrivé, les mises en garde de ma gynécologue trottaient dans ma tête. J’ai commencé à être beaucoup plus stressée. 

Tous les mois, je pleurais lorsque mes règles arrivaient. Je me suis isolée de mes amies déjà maman. Chaque annonce de grossesse était difficile. 

C’est là que la période difficile a commencé. Elle venait me voir en me disant, « c’est le moment, j’ovule ! ». Moi dans la tête je me disais que ce n’était plus naturel. Je voyais que nos rapports n’étaient plus une question de désir de l’être aimée. Il FALLAIT tomber enceinte. Physiquement, je n’y arrivais plus. J’étais souvent bloqué.

Nous avons laissé passer les mois dans la douleur et en septembre, j’ai pris rendez-vous dans une clinique de PMA recommandée par une amie. Le rendez-vous était fixé à décembre. Il fallait encore attendre. 

Le jour du rendez-vous arrive enfin, mais j’ai attrapé le covid. J’appelle le secrétariat en pleurs, et, par bonheur, la secrétaire me redonne une date de rendez-vous fin janvier. 

Il y a un plan.

On a commencé les premiers examens. Romain était un gros fumeur et je m’étais dit « s’il y en a un des deux qui a un problème, ça devrait être lui ». Je fais attention à moi, je médite, je fais du sport. Il fait son spermogramme. Et là, tout va bien pour lui. De mon côté, je fais toute une batterie d’examens, plus invasifs les uns que les autres. Et on se rend compte que c’est ma réserve ovarienne qui coince dans l’équation. Elle est très basse. Ma maman avait été ménopausée très tôt, c’est plutôt logique en réalité. Sur le moment, j’ai vécu le diagnostic comme un échec, une pression folle au temps qui passe. Mais finalement, je sais aussi que c’est une chance de le savoir à ce moment, tant qu’il est encore temps.

Les médecins nous ont proposé de commencer directement par une FIV pour ne pas perdre de temps, ce qu’on accepte. On était accompagné, il y avait cette solution. On avait un plan. La ponction sera fin mai. En juin, on fera un premier transfert frais. 

Le mur du premier échec.

Alors que j’étais allé à tous les rendez-vous, que je l’avais accompagné à chacune de ses prises de sang, je n’ai pas pu assister à la ponction de Marjorie, à cause des restrictions sanitaires du COVID. Les jours qui ont suivi la ponction, je l’ai vue fatiguée, avoir mal. Elle ne comprenait pas pourquoi on lui imposait un transfert sur un corps si épuisé. Elle disait qu’elle ne sentait rien, que ça ne marcherait pas. Je ne sais pas pourquoi j’étais très optimiste de mon côté. Je me disais que ça allait marcher. J’étais sûr. Quand le verdict est tombé, négatif, j’ai pris un mur. 

Tous nos proches savaient que nous étions en parcours de PMA. Ce n’était pas un secret. Mais à la suite du premier échec, on a décidé de garder les tentatives suivantes pour nous. Il fallait éviter une pression supplémentaire, se recentrer.

Tu la vois, la deuxième barre ?

Nous avons enchainé un second transfert le mois suivant. Hors de question d’attendre encore, puis l’été le centre ferme. On est impatients. 

Il y avait moins d’attente pour la prise de sang puisque c’était le transfert d’un J5 congelé. Cette fois-ci, alors que Romain était hyper défaitiste, moi, j’étais convaincue que ça avait fonctionné. Tellement convaincue que, 5 jours après le transfert, j’ai fait un premier test de grossesse urinaire. Je suis donc dans les toilettes et, là, je vois la deuxième barre apparaitre. J’étais en pleurs. Je file voir Romain et je lui dis, « Ça y est je crois que je suis enceinte. Tu vois la deuxième barre ? ». Et je lui montre le test. 

Et là, moi, je ne vois rien. Pour moi, il n’y a pas de seconde barre. De toute façon, tant qu’il n’y aura pas le résultat de la prise de sang officielle, je ne veux pas y croire. Il y a tellement de choses qui peuvent se passer…

Il a cassé mon enthousiasme, mais j’y croyais. Tous les jours qui ont suivi, j’ai fait un test. Tous les jours, j’ai regardé la petite barre foncer, sous l’air dubitatif de Romain.

On peut se réjouir, enfin !

Je fais donc la première prise de sang, positive. C’était déjà une évidence pour moi. Romain reste encore sur la réserve. Et la seconde prise de sang tombe le jour de l’anniversaire de ma maman. Pour l’occasion, on était en weekend avec mes parents et Mina dans un cadre de rêve. Le matin, je prétexte d’aller chercher des viennoiseries pour aller au laboratoire du village faire ma prise de sang. Il faudra attendre 16h pour avoir les résultats ! 

Pour exploser de joie, je voulais être sûr. On l’a annoncé à ma fille Mina en premier et à mes beaux-parents. C’était un moment tellement beau.  

À partir de ce moment, on a lâché. On se disait qu’on avait galéré avant et que tout allait bien se passer. Je n’ai pas le souvenir d’avoir stressé pendant ma grossesse. Et j’avais raison. J’ai adoré être enceinte.

Un voyage, une aventure vers Maë...

La grossesse a déclenché plein de projets, ce qui fait qu’elle est passée à une vite folle. Romain a arrêté son activité. On a trouvé une nouvelle maison plus grande pour y installer notre cocon. On a passé la grossesse dans les travaux (Romain corrige : Marjorie était plutôt chef des travaux finis !). Une course contre la montre pour être dans les délais, une course que Maë gagnera en arrivant un mois plus tôt après une césarienne en urgence avec risque d’éclampsie. J’avais dû faire le deuil d’une grossesse naturelle, et là d’un accouchement physiologique. Mais en réalité, dès qu’elle a été là, on a tout oublié.

Le parcours bébé et la PMA ont été des moments difficiles, même si, encore une fois, on a la chance d’avoir eu un parcours médical court. Aujourd’hui pour autant, avec Maë parmi nous, on ne garde presque que le positif. On se sent privilégiés. 

C’était comme un voyage, une aventure. On a essayé de faire que chaque instant de ce parcours vers Maë soit un moment dont on voudrait se souvenir. Je me rappelle particulièrement le jour de l’injection d’Ovitrelle pour déclencher l’ovulation. Je me souviens qu’on s’est enlacés. C’était peut-être la dernière injection qui mettrait fin à ce périple. C’était un beau moment, alors qu’à la base c’est quelque chose de très médical. Évidemment, je n’oublie pas les moments difficiles comme une hystérosalpingographie intrusive et violente pour déboucher mes deux trompes. Mais je ne crois pas au hasard. Tout ce qui nous est arrivé n’a fait que renforcer notre couple. On a beaucoup communiqué. On s’est soutenu, chacun à notre tour. Quand tu passes toutes ces étapes-là, tu es indestructible.

À deux on est plus fort !

Crédits photos : ©marjo_lbl

Témoignage de Marjorie & Romain
de @marjo_lbl