Paillettes Magazine espoir | AMP | PMA

S’écouter et prendre soin de soi

Paillettes Magazine espoir | AMP | PMA

Raphaëlle partage son parcours de PMA entre l’OATS de son mari et son endométriose. Elle raconte les montagnes russes émotionnelles et explique combien il est important de s’écouter, de faire une pause, de changer de centre quand on sent que c’est trop.

À l’aube de sa troisième FIV qui devrait débuter en ce début d’année 2024, avec son mari, ils se sentent plus sereins. Plein de bonnes ondes à tous les deux pour cette nouvelle tentative !

Vous passerez par la case PMA.

J’ai toujours su que je voulais être maman. Quand j’ai rencontré mon mari en 2020, fonder une famille avec lui était une évidence… On a d’ailleurs très rapidement parlé du projet bébé.

Mon mari a eu des soucis de santé en lien avec une opération lorsqu’il était enfant. Il savait qu’il était OATS. On lui avait dit qu’il faudrait passer par la PMA s’il voulait un enfant un jour. À l’époque, pour lui qui n’avait pas de projet bébé, ça ne signifiait pas grand-chose.

Lorsque nous nous sommes mis en couple, il m’a parlé de la PMA. Pour moi non plus cela n’évoquait pas grand-chose, et heureusement ! On se disait qu’on verrait plus tard !

De mon côté, j’avais été opérée en 2016 d’une endométriose sévère avec complications, s’en sont suivies 10 interventions en 3 ans. Personne n’avait évoqué la PMA en lien avec mon endométriose, mais je savais que faire un enfant avec cette pathologie pouvait être compliqué.

Un an après notre rencontre, on décide que c’est le bon moment pour nous de fonder cette famille. On prend donc rendez-vous dans la clinique de fertilité proche de notre domicile en juillet 2021.

Ce sera une FIV ICSI.

Revenir en milieu hospitalier pour moi qui avait subi tant d’interventions pour mon endométriose était assez difficile. On nous explique qu’il faut faire tout un tas d’examens pour faire un bilan de fertilité pour mon mari et pour moi, et on ressort de ce premier rendez-vous avec sous le bras une tonne de documents. 

Puis, les résultats tombent. Rien d’alarmant de mon côté. Et pour mon mari, les examens confirment l’OATS. Jusque-là, peu de surprises. Le médecin nous annonce que nous devrons faire une FIV ICSI. Je pensais que nous commencerions par une insémination. Je ne m’attendais pas au verdict de la FIV ICSI qui sonne grave. Le stress monte d’un coup, d’autant que nous ne connaissions personne parmi nos proches qui avaient fait de la PMA. Tout était très flou.  

De 30 ovocytes à 2 embryons… la désillusion.

En janvier 2022, nous débutons la première tentative de FIV. Mon corps réagit trop fortement aux traitements de stimulation. Le médecin doit sans cesse adapter les doses, je dois faire des pauses dans le protocole de quelques jours et reprendre ensuite les injections. La ponction nous permettra d’obtenir 30 ovocytes, mais je suis en hyperstimulation, le transfert est alors inenvisageable. Je souffre beaucoup et je peux à peine marcher. Lorsque le biologiste nous annonce qu’ils ont congelé seulement deux embryons à J2, nous sommes effondrés. Nous n’avions pas imaginé qu’à partir de 30 ovocytes nous n’aurions que 2 embryons ! Nos proches, et mes parents qui étaient au courant du parcours nous ont beaucoup soutenus dans ce moment. J’échangeais aussi sur Instagram avec d’autres personnes en parcours de PMA, qui comprenaient notre désarroi face à ces résultats.

Il a fallu attendre 3 mois post-ponction pour que mon corps se remette et pour pouvoir faire le transfert. Nous étions persuadés que ce transfert fonctionnerait. Après tout, on transfère un embryon directement dans mon corps ! Pourtant, ce premier transfert fut un échec. 

J’avais cette image de la PMA qui fonctionnait comme par magie rapidement. Je suis tombée de haut sur cette première tentative. 

Les médecins nous proposent de retenter le mois suivant un transfert. Nous hésitons, mais nous finissons par accepter. Je n’étais pas en forme, je n’y croyais déjà plus. J’étais défaitiste. Sans surprise pour moi donc, cette tentative est un nouvel échec. Pas d’accroche. Les médecins n’ont pas d’explication et nous laissent seuls face à cette désillusion. 

Une seconde FIV... mieux préparés, mais sans succès.

L’été arrive, et nous partons en vacances juste après cet échec. Nous avions vraiment besoin de nous changer les idées. Puis en septembre 2022, nous retournons au centre pour entamer la FIV 2. Moralement, nous étions toujours fatigués et pas toujours sur la même longueur d’onde avec mon mari. J’avais besoin de beaucoup parler du parcours, de mon ressenti et mon mari était plus silencieux. Je trouvais du réconfort et du soutien sur Instagram. Pour cette nouvelle tentative, j’avais entamé des choses pour améliorer notre hygiène de vie : yoga de la fertilité, meilleure alimentation, hypnose. Je me sentais mieux préparée, même si je restais très prudente, lorsque nous avons attaqué notre FIV 2 en novembre 2022.

Les médecins avaient revu à la baisse les doses pour éviter l’hyperstimulation. 10 ovocytes ponctionnés, mais un seul embryon, transféré à J3 en frais. Et malgré tous mes efforts, pas d’accroche, une nouvelle fois. 

Je crois que cet échec était plus douloureux encore. J’avais mis en place des choses et nous avions fait des efforts pour corriger notre hygiène de vie. Les médecins n’avaient pas d’explication pour ce nouvel échec. Je ne comprenais pas. Lorsqu’ils nous proposent de repartir sur une 3e FIV avec le même traitement, nous sommes déçus. Nous avons peur de ne jamais réussir. Nous nous sentons abandonnés. 

Une pause pour souffler et prendre soin de soi.

Ce nouvel échec est trop dur à porter, d’autant qu’avec les protocoles en lien avec le COVID en la PMA, nous sommes constamment stressés. Nous sentons que nous ne maitrisons plus rien. J’abandonne mon corps à chaque cycle aux mains des médecins, impuissante. Je dois être disponible non-stop. Je pense constamment à la PMA, malgré les injonctions de nos proches qui me disent de ne plus y penser. Comme si c’était possible… 

Nous décidons alors de faire une pause. Nous avons pour projet de déménager et de changer de région. Ce sera une occasion d’avoir un second avis. Nous déménageons finalement en juillet 2023, et notre rendez-vous dans le nouveau centre ne se fera qu’en septembre. 

Nous avons profité de la pause pour prendre soin de nous, de notre couple. Nous avons continué de suivre une alimentation équilibrée, j’ai continué le yoga, je vois un psychologue et, d’ailleurs, je sens que je souffre moins de mon endométriose. Ce parcours d’AMP m’aura au moins appris à prendre soin de moi. 

Bien sûr, le projet bébé ne nous quitte pas vraiment, mais cette pause nous fait du bien. On hésite parfois à dire stop, on ne s’écoute pas toujours. Pourtant c’était probablement notre meilleure décision.

Vers un nouvel espoir

Nous sortons de notre premier rendez-vous dans ce nouveau centre plus sereins. Nous avons de nouveaux examens de bilan. Même s’ils ne révèleront rien de nouveau pour la mise en place du protocole, ils nous font nous sentir en confiance, plus écoutés. Le médecin propose un nouveau protocole, qui devait débuter en janvier 2024, mais j’attrape le Covid.

Nous commencerons donc les traitements en février et la stimulation en mars/avril.

Nous sommes plus positifs que jamais. Nous sentons notre couple fort, après avoir traversé toutes ces épreuves, pour attaquer cette troisième FIV !

Crédit photo : © raph.awel